vendredi 16 décembre 2011

Affaire Bamberski

Une affaire ahurissante où l'on voit l'impensable inertie de la justice surtout allemande devant un crime -et sans doute d'autres viols- qui interpelle : pourquoi? Il faut lire le site d'André Bamberski -mais bien s'asseoir auparavant car littéralement on a du mal à y croire-. http://a.bamberski.pagesperso-orange.fr/index.html

Bravo à cet homme qui jamais n'a baissé les bras.. et va être poursuivi à présent pour "kidnapping" (!) puisque, devant l'absence de réaction de la justice allemande et le peu d'empressement à la justice française à exiger l'extradition du criminel, il l'a sans doute fait embarquer et amené en France puis laissé devant le palais de justice ficelé comme un saucisson. Reste la question : pourquoi cette inertie qui a contraint André Bamberski à agir seul, dans l'illégalité peut-être ? Comment prétend-on protéger les enfants alors que de tels drames se déroulent dans la quasi indifférence de tous ? 

Et surtout, quels sont ces leviers d'une telle puissance qu'ils ont permis à Krombach d'agir quasi impunément -des pères de la trempe de Mr Bamberski capables de se battre 29 ans sans faiblir ne sont pas légions car un tel combat requiert une force intellectuelle, affective et des moyens financiers que tout le monde n'a pas-. 

Une femme heureuse
 Notons encore un drame dans le drame : il ne fut même pas aidé bien au contraire !même  par la mère de Kalinka, son ex femme remariée avec Krombach, apparemment peu soucieuse elle aussi de ferrailler contre son puissant second mari dont elle était séparée, même si tout montrait qu'il était l'assassin de sa fille ! Le déni le plus total. De bonne ou de mauvaise foi? Les deux sans doute, il est toujours plus facile de croire ce qui vous arrange y compris dans ce cas extrême, un homme charmant dit-elle, généreux, la couvrant de cadeaux, juste volage et attiré par les très jeunes filles, une broutille en somme. De même des mères refusent-elle parfois de "voir" l'inceste dont est victime leur fille pendant des années et font les étonnées ensuite lorsque celui-ci est dénoncé.. voire même persistent dans le déni, taclant celle par qui arrive le scandale et non le bourreau qui en est responsable. Quoi de pire ? 

Bravo à Mr Bamberski, qu'il faut soutenir dans son procès pour "kidnapping"..  intenté sans rire pour avoir peut-être embarqué ou fait embarquer l'assassin de sa fille. Lorsque la justice défaille (POURQUOI?) n'est-il pas normal de l' "aider" en quelque sorte? certes c'est le problème car il peut arriver que cette "aide" devienne vengeance et soit disproportionnée au dol subi et au châtiment encouru. Ici ce n'est absolument pas le cas, Krombach n'a pas été "abîmé" et je me demande, au cas où c'est bien Mr Bamberski qui l'a fait ramener dans le pays qui avait demandé son extradition (en ce sens il n'aurait fait qu'accomplir ce qu'ordonnait la loi, même si cela ne lui incombait pas personnellement) combien de pères ou de mères ayant devant eux l'assassin de leur fille se seraient conduit avec un sang froid qui confine à de l'héroïsme? [Perso, je pense que, comme beaucoup, je n'en aurais laissé que des miettes et qu'il n'y aurait plus eu grand chose à juger après.]

lundi 21 novembre 2011

La mort d'Agnès dans un lycée-collège chic à la clientèle soigneusement triée -du moins financièrement-. Une délicate hypocrisie

17 hectares de parc dit la brochure
Un collège-lycée privé avec internat dont, si j'ai bien lu, les frais de scolarité s'élèvent par année (en internat ou seulement pour l'internat?) à 10 600 € plus les 500 d'inscription et autant de scolarité pour ceux qui ne sont pas du "plateau vivarais", à quoi s'ajoute le coût des gardes spéciales pour les vacances non comprises, ça doit tourner autour de 3000 €/mois ou davantage. 

Leur brochure en deux langues anglais-français est est ici (lien) avec en exergue cette belle formule "De la différence de chacun, créons une richesse", ou "éduquer aux responsabilités"* (!) and so on. Quelques autres, savoureuses, prônent l'humanisme, la non violence, le respect des cultures et annoncent comme profession de foi de l'équipe enseignante "le désir de développer chez l'enfant des qualités morales et intellectuelles de tolérance".. 

Alors une question: les administratifs et/ou actionnaires savaient-ils qui ils accueillaient réellement dans leur bel établissement? Une entreprise commerciale, comme toute entreprise doit générer du profit.. et ces formules d'accroche rendent à présent un son particulièrement cruel (lien) Il nous a semblé que son projet pouvait être compatible avec la politique pédagogique de l'établissement dit en substance le proviseur. (Ça oui.. mais pas comme il le pensait.)


Au moins ce reproche ne peut-il être fait aux établissements publics, non exempts de désinvolture certes (lien) . Autre question : des inspecteurs de l'Education nationale sont-ils venus visiter ce paradis comme c'est leur rôle ? Ont-ils jugé qu'ils pouvaient s'en dispenser étant donné le niveau financier et peut-être (?) intellectuel des parents et de l'établissement? Comment les profs étaient-ils nommés? Le présumé coupable a-t-il parlé à l'un d'eux? A la psychologue puisqu'il semble qu'il y en avait une? Celle-ci a-t-elle répercuté?


* "Éduquer aux responsabilités" est la formule classique et révélatrice des établissements se donnant pour mission de formater à prix d'or l'élite des futurs décideurs politiques ou administratifs.. ou à l'autre extrémité de "récupérer" des enfants déjà, comme on dit pudiquement, "à problèmes". Par ailleurs, on peut s'étonner que dans un collège où les élèves semblent peu nombreux et excellemment pris en charge, une jeune fille qui n'a pas 14 ans "sorte avec" -comme on entend dire par ses camarades, c'est à dire? couche ? Où ? Dans la nature?- avec un garçon de 17 sans que cela apparemment n'émeuve personne, un gars qui avait déjà eu "des problèmes", toujours la formule!.. avec une fille en juin dernier sans pour autant que le proviseur ou un membre de l'équipe n'ait songé à se renseigner sur les causes de ses "problèmes" ayant généré quelques "ennuis" judiciaires, je cite encore. Qu'on ne se moque pas: une telle condamnation à son âge, non ce n'étaient pas un vol de mobylette ou des incivilités! J'ai été proviseur : on "y" pense, ce ne peut être qu'un viol ou tentative. Ces formules d'understatement qui confinent à de l'hypocrisie noient le poisson sous prétexte de réinsertion; la réalité est que l'on ne sait littéralement pas "quoi" faire de certains jeunes que l'on cherche à fourguer à qui ne se montre pas trop regardant, le privé si les parents ont les moyens est l'idéal. Ce faisant on fait courir des risques à tous. Il a eu "des ennuis" avec la justice; "des problèmes avec une jeune fille"; Agnès "sortait avec lui".. Non! Il avait violé avec préméditation (et sans doute préméditation de meurtre étant donné l'outillage, un coup de fil de sa mère avec un téléphone visuel ayant sauvé in extremis la gamine, un miracle et une intuition extraordinaire); avait tenté de récidiver une fois, s'était donc lié dans ce bel établissement à une future victime de 13 ans et a recommencé mais cette fois en suivant son plan jusqu'au bout, pratique les 17 hectares sauvages entourant les chambres. Un drame annoncé.

Lorsque l'on voit les bois sinistres qui entourent le coquet bâtiment -on a cherché Agnès toute la nuit, en vain malgré un déploiement de moyens impressionnants-, lorsque l'on comprend que durant une journée entière d'hiver (la nuit tombe vite et c'est désert) de "liberté", sans la moindre surveillance, la gamine, qui sans doute avait déjà des relations avec lui (jusqu'où?) s'est retrouvée seule avec ce multirécidiviste du viol (ou de tentative de meurtre), on croit un thriller un peu chargé. Il avait tout prévu, s'était comme la première fois muni d'objets, l'a violée et torturée à mort en prenant son temps, puis a brûlé son cadavre, tranquille au fond des bois. Personne n'a rien vu (et pourtant brûler un corps n'est pas simple, c'est long, cela dégage des fumées, l'odeur est effroyable etc..) En somme, l'endroit était idéal.

lundi 14 novembre 2011

Le macho, sous le plastron, le babygros


Il faut tordre le coup à l'idée-cliché du macho viril, fort et quasi aimable auquel on concède toute prérogative parce que, sur un personnage de telle envergure, nous faibles femmes pouvons nous appuyer sans risque. Le repos de la guerrière. En fait, le macho est un fragile qui redoute tout, ne sait pas exister par lui-même, une chiquenaude le déstabilise et qui le cache avec plus ou moins de brio. C'est ce qui le rend dangereux parfois en cas de rupture: il a tout perdu. Lorsque ses exigences sont multiples, exorbitantes ou contradictoires, il pratique avec constance "la maman et la putain" [ou "les" putains, qui du reste ne sont pas plus putains que nonnes, mais il fait comme si, c'est plus simple.] Il revêt toutes les formes, du costaud de café de la gare plastronnant aux comptoirs ou à la télé jusqu'à l'intello Sorbonne chic et choc au Flore voire, au quotidien ces personnages secondaires mais redoutables que sont les entrepreneurs de maçonnerie qui réussissent tout, savent tout, vous coupent en le proclamant* même si c'est vous qui payez..


Dans tous les cas, le macho se nourrit de celle/s qu'il prétend aimer voire soutenir, un bien vilain mot ici tout à fait adapté. Et les femmes qui les subissent c'est à dire toutes à un moment de leur existence, bafouées, blessées, parfois maltraitées s'il est à demeure, n'ont pas le profil que l'on croit d'épouses soumises dépendantes et naïves -ou enfin, si à leur manière-. Ce sont pour la plupart des femmes fortes, performantes, qui tiennent tout, y compris leur macho à bout de bras sans même s'en rendre compte du moins longtemps. Pourquoi? Sans doute aiment-elles protéger ou se sont-elles laissées piéger ; ensuite, s'en dépêtrer est quasi impossible. Car le macho, "hard" lorsqu'il se sait sûr de lui ["je fais ce que je veux"] se transforme doucettement dès qu'il sent que ça va tanguer en macho "soft" ["mais c'est toi seule que j'aime"] et, au moment où il devine l'issue fatale, finit souvent ensuite en petit garçon blessé  ["c'est mon enfance, je suis mal, je n'ai que toi et sans toi je ne peux vivre.."] ce qui du reste n'est pas tout à fait faux. On a du mal à y croire, c'est le même pourtant à cinq minutes d'intervalles seulement.

Si bien que l'on croit en avoir trouvé "un" qui vous proposait -voire vous imposait- de vous servir de rocher et qui en réalité vous a usée jusqu'à la corde pour s'ancrer. On assume certes mais avec un peu plus de frustration au fir et à mesure que passe le temps.. jusqu'au moment où on craque. Car le macho parfois n'a pas de limites, se sentant soutenu, il en rajoute chaque fois un peu plus, un peu plus d'exigences, un peu plus d'infidélités, un peu plus d'humiliations même quelquefois. Soyons triviale, n'avoir ni le beurre ni l'argent du beurre à un moment devient est insupportable.. mais cela peut durer une vie, comment fuir lorsqu'on est devenue indispensable? [Il y a la peur aussi parfois.] Il le faut cependant. Ils se remettent toujours: des poires, il y en a d'autres pour ces grands spécialistes du presse-citron.

Car le fait est que certaines femmes, toutes peut-être à des degrés divers, sont curieusement formatées. Un indice troublant rarement documenté : le nombre de détenus pour de longues peines, parfois reliées à des crimes de sang, qui trouvent sans problème une "compagne" à l'extérieur, totalement dévouée et prête à tout assumer pour eux, financièrement, matériellement, pour 10, 20 ans est remarquable. L'inverse est rarissime. Leurs propos sont tous identiques : "ça a été le coup de foudre réciproque, un bonheur comme jamais..".. "il a changé, ce n'est plus le même homme".. ou encore, en dépit de toute vraisemblance : "il est innocent, c'est une cabale de ses ex".. Combien de comités pilotés par ces femmes avec un brio et une persévérance impensables pour sauver quelqu'un qu'elles ont choisi et qui, dans des circonstances normales ne les aurait probablement pas regardées et certaines sont enseignantes, cadres, séduisantes et ont d'elles-mêmes initié la rencontre -difficile de draguer lorsqu'on est bouclé-?
 
Ils se déclinent dans toutes les cultures, classes sociales, castes et niveaux d'instruction. Comme les patrons exploitent leurs ouvriers en les persuadant que sans eux ils ne pourraient vivre. Le pire est qu'à un certain niveau d'aliénation, cela devient vrai, à l'exemple de certains esclaves noirs américains libérés qui ont refusé au départ une liberté dont, trop démunis, ils ne se croyaient pas capables d'user.

* Un de ces personnages remarquables m'a même affirmé que les buses trop étroites qu'il avait installées sous un ruisseau étaient bien du 50 certes mais équivalaient en fait à du 70 car .. elles étaient élastiques ! Non, ce n'est pas un gag, lisez et amusez-vous (lien).

mercredi 9 novembre 2011

Maltraitance "blanche"

Extraits de "Secret de famille" Frison-roche éditeur (Hélène Larrivé). 

Il y a plusieurs formes de maltraitance dont la plupart passent inaperçues. Certains parents ne désirent pas [ou plus] leurs enfants. Qu'ils l'avouent ou non, ils leur pèsent, bien qu'ils  continuent à s'en occuper normalement en apparence mais comme une corvée que l'on cherche à alléger autant qu'il se peut. Les causes peuvent être internes, ils ne les ont jamais vraiment souhaités, ou fortuites, ils les ont regrettés à la suite de circonstances de la vie imprévues, un stress particulier, une série de catastrophes familiales (ou perçues comme telles), une mésentente du couple, des carrières exigeantes etc.. Il est des hommes qui sont plus maris que pères et des femmes, moins fréquemment, plus épouses que mères; en ces cas, lors d'une séparation, la rupture se fait naturellement avec les enfants, soit réelle, soit seulement affective; soit de la part d'un seul parent, soit des deux, les gosses étant perçus comme la trace ombrée du conjoint rejeté ou rejetant que l'on veut oublier afin de prendre "un nouveau départ dans la vie". 

Cela n'apparait pas toujours ou seulement à l'occasion de drames car cette maltraitance est une maltraitance en pochoir, simplement, "on" n'a pas pensé que.. Une famille par exemple qui n'a pas manqué d'acquérir la dernière alarme sophistiquée n'a pas eu l'idée de faire chanfreiner les piques du portail, d'installer un garde corps dans la salle de jeux des gamins etc.. Sans être vraiment mal aimés, ceux-ci passent toujours au second plan voire au dernier : on déménage -la carrière des parents- on prévoit "tout".. sauf l'enfant et on s'aperçoit in extremis qu'il n'y a pas de lycée à moins de 50 km (qu'importe, il sera interne).. ou que l'établissement est de tendance catho hard alors que la famille est impliquée dans des mouvements progressistes -le père est journaliste-, qu'importe il faut savoir affronter la vie etc.. C'est ainsi que ce "fils de rouges" va devenir le bouc émissaire de ses camarades briefés, un harcèlement qu'il subit dans l'indifférence voire l'initiation des professeurs*. Il y a aussi, pour les plus favorisés, la pension chic qui relaye (lien), souvent assez éloignée, comme par précaution, sous prétexte de bon air et de nature.

Lorsque la vie commune perdure malgré tout, parfois pour des raisons strictement matérielles, il arrive que les enfants en fassent plus durement encore les frais même si extérieurement ils semblent bien traités. On les soigne par habitude comme on prend soin d'un objet dont on a fait autrefois l'acquisition à l'étourdie et qui à présent encombre. Sans empathie véritable, d'où des couacs qui semblent invraisemblables dans des milieux au dessus de tout soupçon. 

Il y a ceux qui n'oublient jamais de leur donner leurs vitamines mais les laissent jouer au dernier étage de leur appartement -luxueux- dans une coquette sous-pente... sans garde-corps ! Ceux qui les confient tout petits -un mois pour le dernier né!- à une employée récente pour partir voyager à l'étranger. Il y a aussi le cas extraordinaire de l'homme dont la femme était hospitalisée en psychiatrie, incurable, qui éleva convenablement seul son fils... qu'il abandonna dès que celui-ci eut 18 ans, mission accomplie. Le jeune garçon dut alors vivre dans une cave et se nourrir au supermarché, situation qui fut tardivement découverte par un prof ; celui qui refuse le soir d'aller à 20 km chercher sa fille (15 ans) qui a raté le dernier car, elle devra les parcourir à pied et manquera de peu se faire violer; ou ceux qui les envoient faire les commissions à la nuit tombée, "c'est tout près". Ces cas-là, jamais investigués, participent cependant d'une maltraitance blanche réelle qui parfois peut générer des drames -et c'est uniquement relié au hasard- car à ce jeu de roulette russe, il arrive que parte le coup. C'est le drame, le "pas de chance" comme ont dit, formule qui cache parfois les risques qu'on a délibérément laissé courir à l'enfant.

A la base de tout accident, il faut toujours se demander "pourquoi"? Pourquoi cette petite de 8 ans était-elle dans cette ruelle à 20 heures? Parce que ses parents avaient l'habitude de se détendre le soir autour d'un verre après une journée de travail et qu'ils l'avaient diligentée pour une pizza de dernière minute. Pourquoi cette adolescente a-t-elle été contrainte d'escalader ce mur hérissé de tessons tranchants? Ce portail aux piques acérées? parce qu'ils refusaient de lui donner les clefs, à quoi bon, elle risquait de les perdre et ils étaient toujours là... enfin presque. Parce que personne n'avait pensé à faire chanfreiner les piques alors que la maison était au top confort pour tout le reste. Pourquoi cette jeune fille était-elle sur une route non éclairée un soir d'hiver depuis deux heures de temps lourdement chargée, épuisée? Parce que son père ne se souciait pas de perdre une heure pour aller la chercher. On incrimine la fatalité, l'agresseur. Certes, mais il y a aussi la désinvolture, l'égoïsme des adultes et devant le drame, on ne va pas au delà, inutile de les accabler davantage.

On est stupéfait en ces cas des explications-justifications des parents éplorés frisant l'imbécillité ou la mauvaise foi. "On leur avait bien dit pourtant de ne pas s'approcher du bord, ils n'écoutent jamais!".. "Le quartier est tranquille, il n'y avait aucun risque (!) et puis c'était tout près, 300 mètres à peine".. "Je suis presque toujours là, je ne voulais pas lui confier les clefs, elle est étourdie, on pourrait être cambriolés"... "Mais on ne peut pas grimper sur le portail, il est trop haut, je ne comprends pas".. "Il nous fallait un petit voyage pour nous reposer, la bonne avait l'air très bien, elle avait eu plein d'enfants, on a eu confiance, qui pouvait se douter?".. "Il a fallu qu'elle rate son car ce soir, ça ne m'arrangeait pas mais je serais venu de toutes manières si elle avait attendu, c'était juste un mouvement d'humeur, j'étais crevé" [il lui avait dit "débrouille-toi"]. Mais le risque à attendre sur des quais d'assez mauvaise réput et déserts dès le lycée fermé était équivalent.

Rappelons que lors d'une affaire qui défraya la chronique, la mère avait soigneusement fermé ses fenêtres pendant qu'elle repassait, radio en marche, pour éviter avait-elle dit les voleurs -elle venait de faire l'acquisition d'un objet de prix- en laissant son enfant jouer seul dehors sans qu'il lui soit possible de le voir ni de l'entendre. Aurait-elle ainsi laissé son nouveau poste TV à écran plat pour lequel elle avait tout verrouillé? 

Oui, l'enfant ne "pouvait pas" grimper sur le portail et il l'a cependant fait.. et en est mort. Oui, c'était "tout près, juste 300 m" mais 300 m dans une ruelle déserte, c'est énorme et elle a fait une mauvaise rencontre.. idem. Oui, 20 km à pied ce n'est pas la mort (4 à 5 heures tout de même) mais l'adolescente a été repérée par un violeur. Oui, "on leur avait bien dit de ne pas s'approcher du bord" mais l'un d'eux l'a fait tout de même. Idem. Oui la "bonne" paraissait "très bien", elle avait certes élevé ses propres enfants (au Mali) mais ne savait pas se servir de l'électricité et a électrocuté le dernier-né dans son bain. Oui, la télé à écran plat n'a pas été repérée mais le bambin, si.. Et lui aussi en est mort etc.. 

*Ce cas est mien. J'ai fini, à bout de subir des propos ostracistes-racistes quotidiens, par littéralement "sauter" sur une fille qui m'insultait et la jeter à terre, comme en état d'amok. L'attaque avait été si vive et si soudaine qu'elle n'avait rien vu venir. Ni moi. Je la rouais de coups, on dut me ceinturer puis me conduire, durement encadrée comme une bête fauve, chez la proviseure, une belle femme glaçante qui  me questionna avec un indicible mépris tout en feuilletant mon livret scolaire. Petit à petit, le ton changeait imperceptiblement, et lorsqu'entra ma "victime" qui avait la tête de plus que moi, elle ne put cacher sa stupéfaction. "Vous êtes aussi bonne en gym?" "Non, pas vraiment, je suis trop petite", et elle eut enfin un quart de sourire tant la disproportion de nos carrures était impressionnante. La chance pour moi fut qu'elle s'appelât Dreyfus. Je fus rayée du tableau d'honneur, renvoyée trois jours et reprise sous condition d'excellence. Ma mère me soigna alors comme un cheval de combat et la férocité avec laquelle je vis ma challenger, lors de l'épreuve qui devait nous départager, trop lourde, glisser à bout d'épuisement de la corde lisse sans avoir réussi à toucher le nœud, se brûlant cuisses et mains, demeure encore en ma mémoire. J'avais perdu mon innocence mais gagné le défi. Le prix me fut remis en grande pompe. C'était "l'affaire Dreyfus".

Note. Si personne ne m'avait défendue lorsqu'on me harcelait, en revanche, après la bagarre, personne ne m'ennuya plus jamais.

20 enfants pour une seule femme, chronique de la folie ordinaire



Capture d'écran du site Duggard 
20 enfants à 44 ans
 

La "Firme", ainsi parait-il Diana appelait-elle la famille royale anglaise. En voici une autre. Michelle Duggard, 45 ans, souffrant depuis son 2ième bébé d'hypertension artérielle gravique -maladie grave qui fait courir un risque vital à la mère comme à l'enfant-, n'ignorant pas que les grossesses représentaient un danger pour sa santé et pour celle de ses bébés, en attend un 20ième. Sa 19ième, grande prématurée de 6 mois, ne pesait que 500,2 grammes, un enfant miraculeux dit-elle.
Un homme heureux et confiant
Catholique trad, elle assure que "tout va bien", comme Jim, l'heureux père de la nichée qui balaye les avertissements des toubibs en soulignant que malgré la condition physique fragile de sa femme "elle a pu avoir 19 enfants sans problème" (dixit.) ll est confiant: "Elle se porte à merveille, fait très attention à ce qu'elle mange et de la gymn tous les jours". Chez les Duggard, on n'a pas le droit de regarder la TV [ça peut expliquer] de surfer, l'éducation est assurée à la maison [comment? par qui? Quelles études? Qui paie les profs s'il y en a?] et les jeunes ne sont pas autorisés à avoir des relations avec d'autres, paradoxe puisqu'ils passent régulièrement à l'écran, ont un site avec vidéos (lien) très achalandé où ils vendent aussi des produits dérivés, livres, gadgets, conseils aux parents etc.. Michelle assure qu'elle aura autant d'enfants que Dieu (et Jim) lui en donneront.

lundi 7 novembre 2011

Des enfants dans l'indifférence complète des institutions

 
Réseaux pédophiles ? Et si c’était plus simple ?

Il semble qu'il y ait un fichier de délinquants sur mineurs qui a été un peu tardivement mis à disposition de la justice française, ce qui a posé problème à beaucoup. Des réseaux? peut-être, je ne sais pas mais l'impensable légèreté (lien avec la cas de la petite fille turque dite "O") avec la quelle sont ou furent parfois -car cela a tout de même changé à présent- les affaires de pédophilie peut aussi avoir un cause plus sordide et plus simple (lien avec le cas d'Océane). 

Voici une histoire qui date un peu. Proviseur ou "faisant fonction" ce qui n’est pas tout à fait la même chose, dans un lycée professionnel de province, je reçus un jour une élève (14 ans) amenée par ses copines insistantes, qui avait l'air terrorisée.. par moi. Débile légère, section SAS, elle finit par me dire avoir été "touchée" (en fait c'était plus que ça) par un adulte.. qui travaillait au bahut. (!) Il était difficile de tout comprendre mais je lui ai immédiatement donné le trombinoscope de TOUS les professionnels du campus, heureusement parfaitement tenu à jour par mon prédécesseur, avec un café et des encouragements fervents "tu as tout le temps" etc.. Miracle, elle le reconnut au bout de 5-10 minutes à peine de feuilletage.

OUF !!! Mille fois ouf! C'était un "t.u.c.", ainsi appelait-on des jeunes au chômage ou en réinsertion employés pour des taches mineures un temps déterminé, un soulagement immense. [Il fut arrêté et avoua, ce fut le même scénar banal de tous les agresseurs sexuels, elle "faisait" plus que son âge, il avait cru qu'elle était consentante, elle ne s'était pas défendue etc.]

Mais ce qui est important ici est la suite. Que pensez-vous qu'il arriva ? Je fus admonestée (hard) par mon collègue pro technique -qui cependant n'était pas mon supérieur-, son CPE et toute sa cour qui s'arrangèrent pour me pourrir la vie ensuite et me faire muter, en un sens, sans le vouloir, ils me rendirent un immense service, sur la base que j'aurais dû les prévenir avant de déclencher la lourde artillerie -je l'avais fait mais ils étaient injoignables- qu’importe, j’aurais dû attendre, j'avais fait courir un risque.. au lycée! je m'étais emballée pour rien (!) un flirt un peu poussé tout de même ce n'était pas la mort, j'avais aggravé les choses au lieu de les calmer, avec ces "gosses" on n'était jamais sûr de rien etc.. Ils redoutaient qu'il y ait plainte de la part de la mère, que le bahut ne soit responsable, le fait est qu’il l’était, mis à l'index -la jeune fille avait été seule dans une salle de midi à 2 heures- et que leur note administrative ne soit baissée. Ce sont ces réactions de gens banaux, pas de vrais salauds! qui confortent les criminels, leur confèrent l'impunité et permettent la réitération de leurs gestes, bien plus que des soi-disant complicités (peut-être y en a-t-il, je ne sais pas, mais ici ce n'était pas le cas, c'était juste la peur de perdre une prime et de se voir peut-être blâmer, en ces cas le lampiste c'est le proviseur, même si avec l'absence de pions, dans un campus si vaste et ouvert, ils sont obligés de laisser des lieux sans surveillance.) C'est ce qui décourage les gens de porter plainte ou, lorsqu'il s'agit de professionnels de l'éducation responsables, d'entendre une plainte. Il y a manière et manière de recevoir une victime qui en le cas ne demandait qu'à fuir à toutes jambes.

Mais ce n’est pas tout. Supposons que le gus n'ait pas avoué, qu'il se soit montré convaincant avec l'aide d'un ténor quelconque stipendié, que la gamine briefée par mes collègues -qui ont tout fait pour !- se soit rétractée, ces enfants sont influençables [là ce ne fut pas le cas, sans doute le fait que je l'aie écoutée sans la gronder au contraire l'avait-il renforcée] et que la mère ait suivi le mouvement, que croyez-vous qu'il serait advenu? [Il arrive que les parents, culpabilisés d'avoir laissé leur enfant dans un établissement si peu fiable, choisissent eux aussi le déni!] Ma carrière eût été brisée [elle le fut en un sens mais pour le meilleur] j'aurais porté au minimum l'opprobre d'incompétence (!), définitivement "celle qui s'emballe pour rien et met tout le monde dans le pétrin",  alors que si je n'avais rien fait d'autre que "calmer le jeu", renvoyant la gamine à ses serpillières avec un bonbon, après tout il était tard lorsqu’elle s’était enfin décidée, poussée par deux copines, à venir et pour une ado fragile, c'était énorme.. personne ne m'en aurait voulu, même au cas hypothétique où la mère, prévenue ensuite, aurait décidé de porter plainte contre le lycée (j'aurais affirmé m'être trompée, la belle affaire, avec les SAS, ce n'est pas facile de les comprendre, était-elle seulement venue m'avertir? soutenue peut-être -peut-être pas- par mes collègues peu soucieux que l'on découvrît leur absence et surtout l’impossibilité de les joindre ce soir-là -pas tout à fait réglementaire-.)

Comprenez-vous à présent pourquoi des gens, même des pro, même "innocents", même relativement dévoués par ailleurs, se taisent? Ils ont tout à y gagner surtout lorsque la victime est fragile. Dénoncer comporte un risque, déclencher un scandale, faire se diriger des regards suspicieux non seulement sur vous mais sur toute l'institution. Soyez sûrs qu'on ne vous ratera pas, même si cela "marche" [si l'affaire est avérée]. Mais alors si vous vous plantez, ce n'est même pas la peine d'y penser. Ce sont ces minimes lâchetés, peur de voir sa note administrative baissée, de dévoiler des dysfonctionnements y compris légers ou inéluctables d'une boîte, de se voir refuser ensuite des crédits, de donner ou en le cas de confirmer une mauvaise réput du bahut, qui sont la plupart du temps à l'origine de ces refus d'entendre des enfants ou ado victimes, donc d'investiguer. Et puis cela occasionne du travail, des RV délicats -avec les parents- à assumer, des rapports à rédiger, des plaintes à corroborer, une enquête même minime à mener, sans compter la crainte de représailles de ceux sur qui vous lancez la justice, souvent fort mécontents et, s'il s'agit de caïds d'arrondissement, vous devinez la suite [ici ce n'était pas le cas, le gus était "normal" à tout points de vue, si l'on peut dire.] Un/e proviseur/e est seul/e le soir dans un campus totalement désert, en le cas ouvert à tout vents, mal éclairé, par endroit, un vrai coupe gorge. (lien avec le blog femmes avenir)

En conclusion, le soi disant enfant-roi ciselé par les médias est un mythe et une contre vérité absolue qui cache la totale désinvolture au quotidien vis à vis des plus faibles -pas seulement de ceux-ci-, quasiment instituée: c'est la norme, surtout s'il est déficient même légèrement donc plus vulnérable ou issu de milieu défavorisé -mais pas toujours [ici ce n'était pas le cas].

mardi 5 avril 2011

Famille, je vous "haime", du cas Dylan à celui de la famille de Villiers...

Enfant martyrs, ça s'est passé près de chez vous... pendant que vous conférenciez sur la maltraitance... Ou "familles, je vous hais"





Le tribunal de Millaud juge l'affaire Dylan, un enfant maltraité-bouclé durant des années dans une pièce-prison, dont personne, lors des rares fois où il était autorisé à sortir dans le minuscule jardin, n'avait remarqué la détresse, un grand classique. A peu près bien tenu, du moins pour l'occasion -on ne pinaille pas pour quelques accrocs-, pas marqué physiquement, du moins de manière visible, juste un peu maigre mais cela se voit tout le temps sans qu'il soit question de privations, aimable, poli, peut-être un peu renfermé -et expansif à la fois-. Normal en quelque sorte. RAS. Non. Ce n'était pas normal.

Il n'a jamais parlé. Soulignons ici que la plupart des enfants maltraités ne disent rien, JAMAIS -ou alors très longtemps après- : parce qu'ils ont honte, parce qu'ils se sentent responsables -les parents, leur enseigne-t-on, ne sauraient jamais faillir- parce qu'ils redoutent d'empirer leur situation si on les trahissait*, ne pouvant concevoir qu'on puisse les aider contre ces démiurges tout puissants que sont leurs bourreaux, -généralement indétectés ou indétectables-, et surtout parce que ceux-ci ont fini par leur inculquer une peur panique du monde extérieur contre lequel ils se posent en seul rempart. Isolés-verrouillés, ces enfants, sous des apparences aimables souvent, se méfient en réalité de tout et de tous, surtout de qui peut les sortir du gouffre... courtisant au contraire ceux qui leur mettent la tête sous l'eau, -à l'image de leurs parents-. Il faut savoir décrypter des signes parfois contradictoires et déroutants : une empathie quasi histrionique -et oubliée l'instant d'après-, une joie de vivre trop expansive et versatile, une sur activité -suivie de prostration-, parfois un peu de mythomanie naïve, une quête éperdue d'amour -y compris trop sexualisée- ou au contraire un repli sur soi qui confine dans certains cas à de l'arrogance ou de l'antipathie franche (le "dur")... le tout associé bien souvent. Les masques sont multiples mais l'isolement reste un élément essentiel.


Le cas de Dylan est particulièrement significatif et douloureux : à la même époque, alors même qu'il croupissait dans sa geôle, la mairie d'une ville toute proche m'avait invitée à venir parler de la violence  intra familiale -suite à un essai sur le sujet-. Ce fut un franc succès : conférence, participation, ambiance géniale, articles etc... le genre d'événement dont on ressort faraud avec l'impression d'avoir apporté sa pierre pour que changent  les choses : voilà, Dylan était à cinq minutes de la salle où nous dissertions, croupissant dans ses déjections. Une baffe dans la figure, et une belle. HL
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Une famille de roman édifiant

La vie est un long fleuve tranquille

*La victime ne parle que lorsqu'elle juge s'en être "sortie", de quelque manière que ce soit [mais c'est un cercle vicieux car pour s'en sortir, il faut parler] : compagne/on, enfants, aide extérieure, professeur, thérapeute, réussite professionnelle -même minime- etc... c'est à dire lorsqu'elle se sent -relativement- en sécurité, hors d'atteinte, lorsqu'elle pense pouvoir résister sans en être définitivement rompue à la bataille qui va s'ensuivre -et nous allons voir combien elle peut être rude-. C'est un cercle vicieux : pour qu'elle lève l'omerta, il faut qu'elle se sente en sécurité.. chose impossible en raison justement de l'omerta. -Mais il est des miracles-.

Cela explique la rareté des dénonciations. Et la loi qui refuse de punir au bout de quelques années de silence de la victime -comptées après sa majorité- est singulièrement inadaptée. Pas vu ou plutôt pas dénoncé = pas pris, en quelque sorte. Mais comment un enfant, même devenu adulte -mais abîmé- peut-il se battre à armes égales contre un clan, un patriarche qui fait peur -s'il a pu agir impunément, parfois durant des années, c'en est bien le signe-? Qui ne dit mot consent ? Non. C'est ce précepte auquel ici il faut faire justice. Une prime à la manipulation, à la violence, à la peur inculquée. Plus la victime sera faible, plus le bourreau terrorisera le groupe, plus il aura des chances d'échapper: pourquoi se priver ?  Dans le cas d'un enfant contre un parent -et souvent un groupe solidaire comme nous allons le voir-, on est dans la situation extrême. Non, un enfant, même s'il ne "dit mot" -peut-il faire autrement?- ne consent pas. Et son corps n'est pas un "bien" accaparé -un bout de terre par exemple- dont la propriété, au bout de trente ans d'usage, est attribuée légalement par usucapion à qui s'y est installé.




Un fait-divers récent en constitue le paradigme. Dans le cas d'un enfant abusé sexuellement, la peur d'être trahi s'il parle -et le sentiment inculqué que c'est lui qui trahit- ne sont pas sans objet. Lorsqu'ils osent porter plainte, ils se trouvent alors souvent  en butte à leur famille tout entière qui fait bloc contre eux, y compris ceux qui les soutenaient plus ou moins jusqu'alors... taxés de folie, de perversité etc...  L'horreur absolue pour des victimes déjà fragilisées, trahies non pas une, mais deux, trois, dix fois...  Drame dans le drame, il arrive souvent que celui -ou celle- qui mène les troupes contre lui ne soit pas le coupable mais son second couteau -la mère- ou le chef du clan éclaboussé par l'affaire -même s'il n'est pas l'accusé-. C'est la Raison d'état : il est moins dirimant socialement d'avouer un enfant malade mental qu'un mari -frère, fils, cousin...- violeur incestueux. 

Car  le coupable, la plupart du temps le père, étant aussi celui qui fait vivre le groupe et porte son prestige haut et clair, sa mise en exergue voire en détention conduisent à la ruine sociale, économique et affective de tous. Haro donc, non sur celui par qui le scandale est arrivé mais sur celui qui l'a dénoncé. Et cette brutale mise en lumière salit tout le monde, pointant des complicités -actives ou seulement passives- même lorsque l'entourage n'a rien vu et ne pouvait rien voir : un dysfonctionnement  pour le moins, une négligence à la limite de la maltraitance, -ce qui quelquefois n'est pas le cas-... Des  ombres fâcheuses vont désormais à jamais ternir des personnages -souvent volontiers donneurs de leçons de morale-, au dessus de tout soupçon , un étron puant sur une nappe brodée.

La famille de ce politique catho-morale-tradition accusé d'avoir couvert les viols perpétrés par l'un de ses fils à l'encontre d'un autre a réagi exactement de cette manière : c'est la victime qui a été clouée au pilori. Et, bien qu'ici le père n'ait été responsable que de n'avoir pas vu (?) -banal et normal, surtout dans les familles nombreuses- c'est lui qui pourtant a taclé la victime comme s'il était l'accusé, entraînant tout le clan à sa suite. Car ces familles sont souvent des familles-meutes où le dictat du chef fait loi : en contrepartie, il ferraille d'estoc et de taille pour protéger la tribu par tous les moyens... La part du feu : comme tout leader, il va tenter de sauver le bataillon en jouant la carte de la Raison d'état (la politique!) Mieux vaut une injustice qu'un désordre en somme. La troupe suit. Ici, la seule qui a eu le courage de soutenir le plaignant avoue clairement avoir "peur" du patriarche, "comme tous" précise-t-elle. 

Le cas est intéressant puisque là, on a affaire à un professionnel, forcément mieux armé  pour la bagarre -mais la plupart réagissent de la même manière, avec juste un peu moins de brio.-

Savait ? Savait pas ? On est toujours dans le flou. Mettons que celui-ci, trop pris par ses activités, ait tout ignoré. Mais il est souvent des cas limites -le déni n'est pas un vain mot- et parfois l'omerta confine au burlesque. Ainsi cette famille dont le père, le soir, sur le canapé, caressait ouvertement sa fillette devant la télé, au su et au vu de tous... qui prétendirent avec une belle unanimité n'avoir jamais rien su ni vu... tentant d'incriminer la "mythomanie" de la victime lorsqu'elle se décida, longtemps après, à porter plainte. UN seul a fini par craquer : les autres ont suivi. Eût-il résisté, on serait toujours dans le doute : la parole d'UNE seule contre celle d'un clan insoupçonnable pèse peu. Notons aussi que subir des maltraitances de ce type -associées à des mystifications: "il ne s'est rien passé, tu délires, il faut te soigner, prendre tes médicaments..."- peut réellement conduire à la maladie psychique ou à une dérive sociale dramatique -la prostitution par exemple- et là le cercle est bouclé: crime parfait. Qui va écouter un malade mental ? Une prostituée ? Une droguée ? On confond seulement cause et conséquence. (90% des prostituées ont été abusées sexuellement dans l'enfance.) Et un paranoïaque a parfois été réellement persécuté.
Deux autres cas (lien avec "le syndrome de Stockholm")
et un autre encore plus lourd (lien)

jeudi 10 février 2011

Le livre "Secret de famille"

Helene Larrive     Auteur(s): Hélène Larrivé
http://larrive.blogspot.com sommaires des blogs HBL dit "feu rouge clignotant"

FABRICATION DE LA MALADIE MENTALE, RECETTE
A partir de "Secret de famille ou pouvoir et violence ordinaire dans des milieux au dessus de tout soupçons"
Hélène Larrivé (Frison-Roche éditeur)


Comment se crée une maladie dite mentale ou psychique? Existe-t-elle d'emblée, génétiquement, ou surgit-elle à un moment de l'histoire du malade comme une forme d'échappatoire, de protection, vis à vis d'une situation? Les deux parfois. La maladie se développe comme une réponse à une requête voire une exigence de l’entourage qui en a besoin pour subsister à laquelle le malade consent. En quelque sorte il se sacrifie au groupe. ON le sacrifie certes mais il l'accepte pour le bon fonctionnement de tous. Et parfois il en tire quelque bénéfice secondaire. Il n’est pas exclu, du moins, en apparence. Dans des situations graves ou dramatisées par un élément dominant d’un groupe, il faut un abcès de fixation: ce sera lui. 

En ce sens, la maladie protège à la fois le groupe et le malade lui-même -bien que par ailleurs elle le disqualifie-. Cela débouche sur une double dépendance et explique parfois que l’entourage, quoiqu’il l’assure avec force, ne cherche nullement sa guérison, au contraire. Les mots disent une chose et les gestes, une autre, opposée. Ce sont des familles de "double bind", celles où on exige "sois spontané" ou "obéis moi, désobéis" etc… Des familles de double discours. Le médecin souvent fait le jeu des dominants ou du consensus et il s’inscrit dans le rôle qui lui est imparti: il soigne UN malade, parfois fortement péjoré et non le groupe qui l’a sécrété, voire un autre VRAI malade, car il arrive que celui qui est "désigné" n’ait pas le profil tandis qu’un autre, souvent un parent ou un dominant, lui, dysfonctionne de façon manifeste sans que personne n’y prête attention. Le médecin n’est pas là pour désigner, pour juger, mais pour soigner… celui qu’on lui présente! C’est son fond de commerce. Et le "client", par un jeu subtil, parfois involontaire, du médecin tend alors à devenir malade pour de bon, il ne veut pas "décevoir" en quelque sorte et copie ou accentue en lui des comportements pathologiques qu'il n'avait pas mais qui lui sont fortement suggérés. Ainsi, il est, il devient intéressant pour le psy.

Or, une fois formaté, le malade imaginé -et non imaginaire- tend à reproduire un comportement acquis mais résistant et en un sens, protecteur qui, dans un autre entourage, n’est plus adapté. Si bien qu’il va soit s’exclure lui-même et pour le coup, devenir réellement malade soit être exclu (idem) ou transformer le groupe à sa convenance.. pour le pire pour lui! Ou il recherchera un entourage social dysfonctionnant de la même manière que celui dont il est issu; en fait, c'est cet entourage qui va s'en emparer comme d'une proie blessée dont il est facile de se repaître. Il a l’habitude de l’inexistence, de servir et le tolère voire semble le solliciter. 

Secret de famille: par exemple  le père ou la mère boit en cachette, se drogue ou l’un trompe l’autre qui se réfugie dans des comportements étranges [parfois mais à l'extrême seulement, clastiques ou suicidaires en privé] tout va bien. Enfin… Non, pas tout à fait, c’est l’enfant qui va mal ! Et on entend des freuderies en série qui traînent actuellement dans tous les magazines dits "féminins". "Être parent, c’est difficile"… C’est lui la cause de tout. "C'est le conflit de génération"… "L’adolescence est une période pénible"… Ils manquent de repères, de perspectives… sont trop gâtés"… Mots vains, mots de couverture éternels depuis des siècles [voir à ce sujet la lettre de Cicéron qui fut donnée ironiquement à un journal comme un fait d’actualité, tout y est déjà!] mais à présent renforcés par la médecine qui s'est emparée du logos. Mots qui cachent leur vide. Qui cachent qu’il est socialement mieux considéré d’avoir un enfant "à problèmes" qu’un mari volage, syndrome d'Asperger*, alcoolique ou vagabondeur sexuel. On l'évoque a minima voire a méliorem ! -lorsqu'on ne peut faire autrement- c'est "un homme à femmes.. un grand séducteur... un bon vivant.. un peu instable mais comme tous les artistes ou intellos pointus.." A la clé, la reconnaissance sociale: les parents sont admirables. Le coupable, le vrai malade est admirable. Secret de famille. 

L’enfant joue le jeu. Toujours. Parce qu’il aime ses parents et veut leur bien être. Parce qu'il y croit lui même. Parce que tout le monde y croit. [Jusqu'à sa révolte parfois qui, souvent inadaptée, -délinquance, violence- l'enfonce encore plus dans le gouffre.] Il fera ensuite le jeu du mari, de l'épouse, des amis etc… Secret de famille. Hélène Larrivé.

*Autisme "soft", parfois indétecté tout une vie. C'est une psychose blanche -sans manifestations extérieures clastiques et dirimantes trop évidentes- qui se caractérise par l'impossibilité de voir l'autre et de décrypter ses émotions, peut-on dire d'aimer? cela y ressemble en tout cas, associée à une obsessionnalité prégnante qui incapacite l'existence de tout l'entourage, surtout des enfants lorsque c'est un parent qui en est atteint. Lequel, lorsqu'il parvient grâce à sa femme/mari qui le protège, à vivre quasi normalement en apparence, peut tout à fait être considéré comme un parfait, aimable, serviable, brillant, toujours d'humeur égale. Mais en privé le masque tombe, l'enfant est dérouté. Les quelques "minimes" manifestations de la maladie [parmi lesquelles un dysfonctionnement sexuel] étant acceptées, déniées ou pire, "non vues" par tous depuis toujours, qui est-il pour s'y opposer, si gênantes fussent-elles pour lui? Reste l'extérieur et c'est le décalage entre l'image et le réel qui peut générer chez la victime -l'enfant- des troubles gravissimes. 

N'oublions pas qu'il a toujours connu "cela" et que pour lui, un "père", une "mère", c'est "cela"; il ne met pas de mots sur le dysfonctionnement, il n'y en a pas, il n'en possède pas, c'est juste "cela". Lorsqu'à l'adolescence il effectue des comparaisons, là, il comprend -à demi- l'anomalie de sa situation, de son groupe familial et peut s'interroger, se révolter même, au cas où le bourrage de crâne n'a pas tout à fait fonctionné. Mais en règle générale on a pris soin de l'isoler et de disqualifier a priori tous les gens extérieurs qu'il a dû fréquenter, aimer, profs, voisins, amis. Et de toutes manières, même s'il est à la fin plus ou moins lucide, une part en lui continue à "faire comme si", à refuser ce qu'il voit et sait. Tel cet ingénieur membre d'une secte dont le gourou provoquait des "apparitions" qui s'aperçut du trucage mais continua un temps à "y croire" encore, ne pouvant se résoudre à perdre tout ce qui avait fait sa vie, entièrement vouée à un homme qu'il admirait à l'égal d'un demi dieu. Comme un père pour un enfant. C'est de l'auto allumage d'un moteur qui continue à tourner, contact coupé. Il lui fallut longtemps pour le reconnaître puis le dénoncer. De même une ado ayant subi une agression sexuelle de la part de son père mit-elle des années à seulement la qualifier. C'était "un mauvais souvenir", "une crise", inexplicable, un "truc de louf".. Le terme la soulagea: une agression sexuelle, voilà. 20 ans pour le dire, pour même la qualifier (lien avec "le syndrome de Stockholm" du blog "femmes avenir".)

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