dimanche 27 mai 2012

Les manipulateurs en 18 leçons


LE "RÉVERSIBLE" PLUTÔT QUE LE
PERVERS MANIPULATEUR EN 18 LEÇONS

Le terme réversible semble plus adapté que celui de manipulateur car manipulateurs, nous le sommes tous plus ou moins, tandis que le réversible, lui, n’est que cela, il est ainsi fait qu’il semble n’avoir pas d’existence en dehors de ceux dont il tire les ficelles.. Le réversible répond à quelques critères essentiels que nous allons énumérer avec des exemples, en 18 points, avec quelques phrases clef particulièrement significatives.
Il culpabilise l’autre même lorsque ses torts sont évidents, reportant sur eux sa responsabilité avec un talent parfois époustouflant :

1 JE LA QUITTERAI POUR TOI SI TU VEUX  
MAIS CA LA TUERA

.. Exemple, il prétend avoir du mal à quitter une amante avec qui il trompe sa femme.. parce que "ça lui ferait trop de peine, je n’ai rien à lui reprocher, elle est parfaite" mais lui assure pourtant la mort dans l’âme qu’il va le faire malgré tout… si elle l’exige absolument, la mettant ainsi dans la situation de celle qui va blesser une innocente. "Je la quitterai pour toi si tu le veux mais ça la tuera".

VOUS N’AVEZ PAS D’ONDULEUR ?

Autre exemple : Léna laisse les clefs d’une maison jouxtant l’endroit où elle travaille (sur le net) à de jeunes locataires vocatifs qui les lui ont demandées pour prendre des mesures lui ont-ils dit ; rien ne l’y oblige, ils n’ont signé aucun contrat, mais elle a consenti par gentillesse. Soudain, plus de net. Deux heures de travail fichues. Mécontente, elle sort dans le couloir et les voit devant son compteur électrique qu’ils ont disjoncté par erreur. "Qu’avez-vous fait ?" Le gars semble étonné. Elle réitère sa question.. "Ah oui ! On s’est trompés de compteur !" (En fait, ils n’avaient pas plus à disjoncteur l’un que l’autre !) Pas un mot d’excuse. Elle proteste, de plus en plus estomaquée par son aplomb : "Bravo, ça me fait deux heures de boulot perdues !" Réponse du gars, légèrement choqué (!) semble-t-il : "Mais vous n’avez  pas d’onduleur ?

Époustouflant, il fallait y penser ! en une seconde, il a trouvé moyen de la mettre, elle, en défaut, et non lui malgré l’évidence de sa boulette ! Une constante : le réversible ne s’excuse JAMAIS. Il n’a JAMAIS tort, c’est l’autre, toujours, quelles que soient les circonstances qui est en défaut, et son réflexe est parfois ahurissant de rapidité comme ici.


IL ME FAUT UNE RÉPONSE RAPIDE !

Léna prend contact avec Jane, une condisciple de la fac avec qui elle n’était pas vraiment amie mais sur laquelle elle compte peut-être pour lui fournir le contact d’une autre. Rien n’a changé semble-t-il, Jane est toujours la réversible qu’elle était il y a 20 ans, elle vit en Suisse et gagne sa vie en organisant des stages de développement personnel payants "pour se libérer de ses complexes et sa timidité." Elle lui écrit trois lignes, Jane répond et apparemment elles se sont dit tout ce qu’elles avaient à se dire, où elles vivent, ce qu’elles font… Léna a indiqué à Jane qu’elle avait une galerie d’art dans une ville touristique. Même sans autre contact, elle a cependant mis Jane sur sa liste et lui envoie parfois ses blogs. Puis elle a quelques ennuis, ce que relatent les blogs et Jane, bien que dans la région pour ses stages (elle loue des maisons pour ses stagiaires un peu partout, surtout dans des régions agréables).. se tait. 

Enfin tout s’arrange pour Léna, c’est l’été… et elle reçoit un curieux mail de Jane lui annonçant qu’elle a envie de s’aérer, la vie à Genève est parfois pénible etc.. bref, elle compte venir la voir si elle est OK, ajoutant naïvement (les réversibles ne sont pas tous très subtils) qu’elle se souvient mal d’elle mais fort bien de sa maison et de son jardin (Léna l’avait hébergée autrefois dans sa maison familiale lorsqu’elle s’était trouvée à la rue). Agacée, elle ne répond pas. Jane revient à charge quelques jours après. Elle n’a pas dû avoir son courriel, certainement suppose-t-elle, alors elle réitère sa "proposition" de venir en juillet. [D’autre part, la galerie l’intéresse aussi pour 15 jours en Août parce qu’elle a justement un stage qu’elle ne sait où caser, ça pourrait être bien Attuargues, mais il faudrait que Léna se charge de la publicité, des affiches par exemple, car elle fait aussi des lectures de texte (payantes) etc..] Exaspérée, (le café philo est par principe gratuit), Léna ne répond toujours pas. Et c’est le dernier courriel de Jane, sec : "il me faudrait à présent une réponse rapide, cela fait trois messages que je t’envoie sans réponse ! car tu dois bien t’imaginer que j’ai d’autres opportunités importantes et je dois m’organiser." Léna ne répond toujours pas.. et peu après sur un fil, reçoit une demande assez moche car publique de la rayer de la liste de ses contacts "pour diverses raisons". Chose faite. Les réversibles ne sont pas tous très malins ni bons joueurs ; celle-ci, trop évidente, agaçante certes, n’était pourtant pas vraiment dangereuse.. et du reste réussissait assez mal dans l’existence. (Les réversibles souvent réussissent plutôt bien.) 

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Il ne parle jamais clairement, répond de façon amphibologique (cela va du blanc au noir !)

2 ÉVITEMENT, FAENA: "ÉCOUTE, C’EST A DIRE QUE"
Exemple d’évitement. Le contexte : Léna et Nathan sont un couple séparé, elle vit dans le Midi mais il prétend venir chez elle quand bon lui semble (ou ne pas venir, à son bon plaisir) sans prévenir, comme s’ils étaient simplement éloignés par des circonstances indépendantes de leur volonté. Cette attitude parfois confine à de l’ingérence et elle exige depuis peu d’être au minimum prévenue. Dans le cas présent, il lui a dit vaguement au téléphone qu’il comptait venir, sans précision, et elle veut une date ou une dénégation, qu’importe. Ici un exemple d’une remarquable faena de matador.  

Question : "Tu vas donc venir ou pas ?".. "J’ai un rendez-vous jeudi mais je peux le reporter éventuellement.".. "Donc tu vas venir ?".. "C'est-à-dire.. c’est qu’en plus, Tania (une de ses sœurs vivant en Argentine qui déteste Léna et lui a occasionné des ennuis en série) a téléphoné qu’elle allait peut-être arriver…" (La réflexion est à double sens, d’un côté il y a le sens ouvert, il est un bon frère aidant une sœur malade, on ne peut rien lui reprocher, mais de l’autre il sous-entend qu’il privilégie à sa femme une perverse dont il n’ignore rien des manigances à son encontre, manigances qu’il prétend parfois désavouer.. Il s’attend peut-être à ce qu’elle embraye au sujet de celles-ci et laisse éclater sa colère mais, chose imprévue, elle passe et revient à son point de départ..) .. "Bon, donc tu ne vas pas venir ?" .. "C'est-à-dire qu’elle va mal en ce moment, tu sais, comme je t’ai dit.." .. (c’est un autre essai pour dévier la conversation vers l’état de santé de celle-ci, qu’il peut alors exposer longuement quand évidemment ce n’est pas le problème premier de sa femme, mais elle passe encore..) "Donc tu ne vas pas venir ?" .. "Écoute, après sa visite, si tout va bien, parce que rien ne le dit, tu sais en ce moment il lui faut beaucoup de calme, je pense que j’annulerai ma réunion de l’association.." .. (Il ne lui a jamais parlé de cela et fait comme si c’était un conseil des ministres dont la date est connue et attendue de tous.) "Bon, donc tu vas venir? J’ai besoin de le savoir.." .. "Écoute, je te rappelle, on passe sous un tunnel ou c’est mon téléphone qui marche mal, Mikey l’a détraqué en voulant le réparer, tu sais comme il est.. Ça va couper, je t’embrasse, à ce soir." Le soir, rien. Le lendemain, idem. C’est elle qui appelle, le surlendemain, avec lui on ne sait jamais il peut surgir du jour au lendemain. C’est lui qui parle : "Mais tu ne m’as pas rappelé, depuis 3 jours, tout de même je… je me demandais si.. (il ne finit jamais ses phrases)" .. "Mais c’est toi qui devais me rappeler, souviens-toi !" .. "Voyons, tu as bien vu que mon téléphone marchait mal ! Je t’ai dit, Mik me l’a emprunté et comme toujours.." (Digressions à nouveau, cette fois, c’est la faute de leur fils, elle coupe..).. "Bon, c’est juste pour savoir si tu vas venir.. " .. "Ah oui ! (il feint d’avoir oublié le sujet de la conversation).. justement j’allais t’appeler pour t’annoncer la bonne nouvelle : Tania ne vient pas.." (il fait ici comme si elle était suspendue aux décisions de celle-ci alors qu’elle avait totalement oublié ce détail, depuis sa séparation d’avec Nathan, elle s'est éloignée de ses histoires familiales compliquées.) Il enchaîne "Enfin une bonne nouvelle, pour toi peut-être, mais c’est à voir parce qu’elle a dû se faire hospitaliser pour son histoire, c’est un peu difficile pour elle parce que"… (il feint qu’elle souhaite l’aggravation de la maladie de sa sœur, pensant sans doute qu’elle va hurler, c’est raté.. et aussi qu’elle désire plus que tout le voir, ce n’est pas le cas, ce qui ferait "pour elle" de l’hospitalisation de Tania une  "bonne nouvelle", ce n’est évidemment pas le cas, afin de la poser en garce.. puis tente la digression : et à nouveau il va parler longuement de cette femme qui a tout fait contre Léna.. et dont en effet celle-ci ne se soucie pas (un peu tout de même) des ennuis de santé –réels– ; si elle le coupe, il la culpabilisera ("tu te fous qu’elle soit malade, on dirait même que ça te fait plaisir, tu es comme ça avec ma famille, égoïste, infantile..") elle le laisse donc parler –il est vrai que Tania est sérieusement malade– et même elle lui donne même quelques tuyaux basiques – par exemple "ce serait bien qu’elle quitte Buenos Aires qui est une des villes les plus polluées du monde"–.. qu’il rejette aussitôt avec hauteur "elle est suivie par les plus grands patrons de médecine de Buenos-Aires, tu sais..".. (une des caractéristiques les plus pénibles des réversibles est de se servir de la gentillesse de leurs victimes pour la leur renvoyer à la figure avec un crachat : ils ne reconnaissent pas la longanimité et la confondent avec la faiblesse), elle s’abstient de rétorquer que ça ne l’empêche pas d’avoir une leucémie.. et revient tout de même à la question de base "donc tu vas venir ou pas?".. "Mais je t’avais dit que je pourrais éventuellement annuler ma réunion sauf que ça se complique parce que.." (Elle le laisse parler un peu puis coupe).. "D’accord, donc tu ne vas pas venir ?".. "Ce n’est pas si simple tu sais de diriger une assoc de plus de 100 personnes à présent, on a plein de subventions mais ça me dépasse car les rivalités des artistes pour les expos, c’est pas facile à gérer, j’ai 50 coups de fil par jour, je n’en peux plus.." (il va alors digresser longuement sur les problèmes de son association, reliés à des gens qu’elle ne connaît pas et qu’il ne veut surtout pas qu’elle connaisse ! prétendant souffrir de ce qui en réalité le satisfait pleinement.. il a fondé cette assoc pour faire avec les membres ce qu’il faisait avec elle, poser en décideur devant une cour quémandant d’être exposée en bonne place… Il adore parler de leurs intrigues et ça peut durer, elle coupe).. "Oui, je sais, c’est dur.. donc tu ne vas pas venir ?" .. "Écoute.. (J’entends un appel sur son autre ligne…) ah, ne quitte pas, j’ai une com urgente.." (Elle attend, longtemps, puis raccroche). Il ne rappelle pas tout de suite.. Puis, le fait enfin, mécontent : "Mais tu as raccroché ?" .. "Oui, tu parlais à quelqu’un.." .. "Mais je t’avais dit de ne pas quitter, ça n’a pas duré longtemps (!).." .. "J’ai tout de même autre chose à faire.." .. "Bon, si tu le prends comme ça, écoute, ce n’est pas la peine de discuter, je suis fatigué.." .. "Mais je t’ai juste demandé si tu venais ou non et quand, ça te prend trois secondes pour me répondre..".. Là, le ton change, il sent qu’il ne va plus pouvoir échapper et feint la colère. "Ce que tu peux être exaspérante avec tes questions permanentes, je suis ton mari après tout (discutable, ce point) et tu me  harcèles comme un patron un employé, qui exige qu’il lui rende des comptes, bon sang.. "

Il inverse les termes de la relation, toujours : c’est elle qui le harcèle et non lui qui la déstabilise en posant au "mari" (au chef plutôt) survenant quand bon lui semble chez un vassal, exigeant que tout soit prêt pour l’accueillir. "Je veux juste savoir pour être relativement prête si tu viens, sinon ce n’est pas la peine de tout ranger et nettoyer.." .. Là, il biche, il tient enfin un argument et son agacement lui sied. Il va tenter de l’accentuer. "Il est vrai que tu vis dans un merdier invraisemblable".. (digression sur sa manière de vivre afin de la mettre en colère mais elle coupe calmement ).. "Soit, c’est pour ça que je veux savoir si et quand tu viens ou non." Il n’apprécie pas qu’elle le détourne de ses habituelles litanies de reproches, il n’a pas pu vider son sac, elle n’a pas réagi comme il l’attendait, ça lui pèse, il lui manque son orgasme. "Écoute, dans ces conditions, puisque tu insistes si lourdement, considère donc que je ne viens pas, tant pis (il ne dit plus à présent "pour toi" depuis qu'elle a éclaté de rire à la formule) reste dans ta merde puisque tu t’y complais, et puis si j’ai pu me libérer je t’appellerai, voilà tout, si tu peux, tu peux, si tu peux pas, je me ferais une raison.." .. "Non par exemple ! Tu ne viens pas, c'est-à-dire que là, c’est moi qui le décide. Car je sais d’avance que ce sera du jour au lendemain, je n’aurai pas eu le temps de nettoyer, ça fera des drames, OK donc tu ne viens pas, ça me va..".. Là, il voit la partie mal engagée (car c’est lui et non elle qui a "décidé" qu’il allait venir "peut-être") et son ton change à nouveau, se fait d’une seconde à l’autre enjôleur : "Allons, ne dramatise pas, ne fais pas d’histoires pour rien, ce que tu peux être susceptible à la fin, infantile, ce n’est pas si grave tout de même la manière dont tu vis, le problème est tu prends tout comme une tragédie, ça fatigue.." Bref, il lui sert à présent le discours opposé à celui qu'il tenait une seconde avant, de surcroît le sien ! Vertiges. Il inverse les termes du rapport de manière ici quasi comique dans sa flagrance : c’est elle qui dramatise… ! alors que c’est lui qui durant une journée entière ou davantage peut l’agonir de reproches litaniques allant toujours crescendo lorsqu’il n’est pas satisfait de la manière dont est tenue la maison ou pour une toute autre raison – et satisfait, il ne l’est jamais: que ce soit sale, là c’est couru,ou non, ses crises peuvent le prendre sans aucun signe avant-coureur ou parfois détectables seulement après coup..–

3 TU AS TOUT RATE DANS TA VIE, TOUT !

Ces crises ? Les voici in extenso, un modèle, cela vaut d'être dit : "Tu t’en fous de la maison, tu vis dans une merde incroyable, comment peut-on venir chez toi, c’est inouï, personne ne le peut (faux) il y a même des souris, si si j’en ai vu, je n’en peux plus, il faut vraiment que je t’aime pour rester dans ce merdier, chez Sophie –ou Michèle, ou Marie..– c’est impec, le bonheur, regarde Nadia –ou Ariella ou Sabrina, des relations libanaises qu’elle connaît à peine– elle a dit à Nabil autrefois –Léna ne le connaît pas davantage– qu’elle n’osait pas venir manger à la maison.. on dirait que tu veux tout saccager, toujours, comme dans ta vie… d’ailleurs tu as tout raté, ta carrière, l’éducation de tes enfants, regarde Mik, incapable de subvenir à ses besoins, et Magali, toujours entre deux crises, c’est ta faute, et même ici où tu es seule, tu n’arrives pas à tenir correctement une maison, tu détruis tout, d’ailleurs tu as tué ta mère.." – elle est morte par la faute du cheval de Léna ce qui la culpabilise infiniment en effet mais dire qu’elle l’a tuée est tout de même un peu excessif – etc..  jusqu’à ce qu’elle hurle et le vire.. ou qu’elle ait une crise d’angoisse voire de panique.. ce qui lui a permis de la psychiatriser –une fois– : elle dramatiserait "tout" (!) et malgré toute sa force et son équilibre, il serait "à bout", ce n’est pas simple de vivre avec une telle femme qui a certes des qualités mais etc (!).. ce qui lui permet aussi de lui tenir ensuite sur un ton paternaliste amical… le discours exactement opposé à celui qu’il vient de proférer !  –plus proche de la réalité certes, en fait c’est même celui de Léna ! – : "Ce n’est pas si grave tout de même, tu ne vas pas te mettre dans tous tes états pour des vétilles, voyons, ne sois pas infantile.. etc.." Vertiges ! Il tient donc deux discours opposés, le premier, celui de la tragédie (à partir d’un détail-prétexte, il a vu une souris – vrai ou faux–.. il en arrive à la mort de sa mère qu'elle a causée… ou de la sienne car elle aurait aussi "tué" sa belle-mère, morte à l'âge respectable de 95 ans d’une septicémie) et le second, destiné à apaiser une pauvre femme en crise frisant la maladie psychique, qui l’épuise malgré tout son amour pour elle…  car il l’aime tout de même (il est bien bon) alors que tant d’autres (dans son assoc par exemple) aimeraient tant bla bla (mais il est fidèle, enfin relativement !) etc.. 
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Il change d’opinion et de comportement (du blanc au noir également) en fonction des personnes et des situations…

4 UN TABLEAU TROP ROSE.. MAIS C’EST TRÈS BIEN !

Exemple. Elle vient de peindre un tableau. Il l’agonit aussitôt de critiques.. amphibologiques comme toujours. "C’est bien, vraiment, pour un premier tableau (elle peint depuis 5 ans) mais bon… le bras n’est pas à sa place… mais enfin je ne suis pas spécialiste, c’est peut-être voulu… (oui, ce n’est pas un tableau figuratif)… non en fait, le bras ce n’est pas grave, on ne le voit même pas, c’est surtout la couleur qui jure, ce rose ça ne va pas du tout… tu dois le refaire un ton plus foncé.. et puis… non, en fait, c’est surtout le centrage qui n’est pas bon, la bonne femme n’est pas au milieu.. c’est voulu ? Ah bon alors je ne dis rien.. mais tout de même ça choque.. mais c’est bien tout de même, vraiment.. j’admire que tu te sois lancée comme ça, sans avoir pris le moindre cours et que tu oses.. exposer comme un grand peintre.." (formule ambiguë qui peut vouloir dire "que tu aies le cran de présenter au public comme si tu étais un grand peintre, une telle merde" ou "que tu n’aies pas froid aux yeux") ; le tableau est vendu le lendemain puis affiché à l’office de tourisme du village. Les gens le regardent. Et lui admire comme tous, copiant point par point le discours d’un spécialiste ou qu’il croit tel. "Vraiment, l’idée de ce rose tendre opposé à la noirceur du sujet, c’est une réussite, de même que le décentrage du sujet qui semble apparaître en biais en point de fuite.." (!) Si elle lui fait remarquer ses précédentes critiques.. il les a carrément oubliées… ou alors il les ressort à sa manière : "Mais non, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit … oui le décentrage mais justement ça choque c’est vrai mais on voit tout de suite que c’est voulu pour et c’est génial…" Non il n’a pas dit que le rose.. "ou plutôt si mais c’est tout le sens d’une œuvre que de surprendre, il est bien évident que c’est voulu".. pour qui le prend-t-on ? etc.. 

Pitoyable, mais destructeur, sauf si un autre regard est là pour rectifier ses critiques dont le seul objet est de se poser lui et/ou de détruire l’autre. En fait, il manque tant de confiance en lui qu’il écrase volontiers qui il croit plus faible (si le tableau n’ait pas été exposé ni vendu, il serait resté "une merde" pour lui et sans doute à la fin par ricochet pour elle aussi) mais s’aligne sur qui il croit plus fort. C’est un être qui, sous des dehors omniscients, arrogants, manque totalement de confiance en lui. Il dit, non pas ce qu’il pense ou sent, mais ce qu’il pense qu’il est bon de dire ou de penser pour poser ou démolir l’autre (les deux souvent, surtout lorsque l’autre est faible ou naïf.. ou simplement aimant !) c’est pourquoi son langage est toujours amphibologique : il faut qu’il puisse se rattraper lorsque des critiques en plus grand nombre ou issues de gens plus qualifiés croit-il s’opposeront aux siennes de zéro à l’infini. Mais il prend ses précautions : ses démolissages ont toujours lieu en tête à tête, ainsi pourra-t-il les nier ensuite. Non non il n’a jamais dit que.. non, elle n’a pas compris, elle lui fait encore dire ce qu’il n’a pas dit, il a dit que… absolument, ce tableau est intéressant et même plus que ça même si au début etc.. ici sa mauvaise foi et sa gêne peuvent être presque comiques.

samedi 26 mai 2012

Les manipulateurs en 18 leçons, suite

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Il invoque des raisons controuvées pour justifier une demande inacceptable..

5 AVEC SOPHIE, PAS DE DANGER, ELLE EST FIDÈLE !

Exemple : il a une relation avec une compagne, Sophie, et prétend en avoir avec sa femme Léna, qui refuse net. Il la prie, la supplie : l’autre ne compte pas, c’est elle qu’il aime, elle seule, avec l’autre il s’ennuie tandis qu’elle, elle est géniale, elle est le soleil qui illumine toute sa vie, il ne peut vivre sans elle etc.. Elle refuse tout de même ou, de guerre lasse, finit par consentir.. mais avec un préservatif. Évidemment ça ne marche pas. Et à nouveau, ce sont les litanies "tu es merveilleuse, tu m’aimes ? Je sais que c’est le cas, alors s’il te plaît, allez.. il n’y a pas de risques etc.." Elle ne cède pas, il le lui fait payer, elle ne l’aime pas et puis c’est le foutoir à la maison, comment peut-elle vivre ainsi etc, voir suite plus haut.. Lorsqu’elle lui parle du SIDA, il balaye l’argument d’un revers de manche : Sophie est fidèle, il en est sûr-certain comme la terre est ronde.. Elle objecte que lui-même lui ment lorsqu’il vient la voir : pourquoi Sophie ne ferait-elle pas de même? Comment exiger d’elle plus d’honnêteté qu’il n’en a pour elle ? Il balaye encore l’argument, elle est "comme ça" toute simple, droite, une brave fille sans histoires, il n’y a aucun, strictement aucun risque avec elle etc.. Il est ici odieux à la fois envers Sophie dont il exploite la gentillesse et la crédulité (elle est un peu nunuche) et envers Léna à qui il sort de tels arguments pour qu’elle consente à coucher avec lui. Et lorsque, épuisée, celle-ci lui dit qu’il n’a qu’à cesser d’avoir des relations avec l’autre puis faire un test.. il lui objecte qu’il ne le peut pas car ça lui ferait trop de peine, certes il ne l’aime pas, il s’emmerde avec mais elle est très amoureuse de lui et une rupture serait tragique pour elle… bref, il ne peut se résoudre à lui faire du mal, il ne sait pas faire du mal (!) et il n’a strictement rien à lui reprocher : elle est parfaite, excellente ménagère, compagne conciliante toujours soucieuse de lui, de son bien-être etc.. De sorte qu’il la met dans la position de la garce semant la zizanie dans un couple "heureux", le poussant par chantage à se séparer d’une parfaite sans souci du mal infini qu’elle va faire à cette innocente!! Notons qu’il a fait de même avec sa mère autrefois pour écran (mais elle est morte), Léna était une garce qui faisait du mal à une malheureuse etc.. C’est elle qui blesse, toujours, lui, jamais. Malaise.

Autre exemple : alors que sa femme vient d’accoucher (elle a 15 kilos de trop et surtout elle est épuisée par les tétées, l’absence de sommeil etc..) il arrive de plus en plus tard le soir.. et finit sans qu’elle ne le sache par la tromper avec une collègue de bureau belle et brillante devenue depuis députée européen.. Il le lui annonce un soir juste avant l’arrivée d’invités, au moment où ils sonnent à la porte, puis lorsqu’il ne peut couper à une discussion assez rude, lui explique posément qu’ "il a besoin de quelqu’un qui le sorte de la maison, qu’il étouffe auprès d’elle, après le boulot, il lui faut souffler, les histoires de couches, bon, mais il a besoin de  quelqu’un qui l’intéresse, qui suive l’actu et puisse enfin lui apporter quelque chose d’autre.. comme elle le faisait avant (!).. bref, Frédérique est vraiment vitale pour lui" etc.. Réaction devant l'odieux de ses propos: Léna hurle et lui balance un bibelot (lourd) à la figure (en fait sans le viser réellement).. et il lui propose un petit repos en psychiatrie, ça lui fera du bien. Il finira par rompre avec Frédérique mais au bout de quelque temps car Léna est partie et refuse de revenir. Il le lui reprochera à mi-mot longtemps : il l’aime, la preuve, il a rompu avec Frédérique, elle devrait lui en être reconnaissante car c’est une femme exceptionnelle (exact)… sous entendu qui valait mieux qu’elle (sans doute exact) etc.. 

Là aussi, elle est encore plus ou moins coupable de lui avoir fait abandonner une telle femme… et d'avoir fait à celle-ci, sans doute fort amoureuse de lui (?) une peine infinie (ce point-là, invérifiable, est plus discutable car elle s'est probablement (?) assez vite consolée avec un célèbre ténor écolo -à la personnalité assez opposée à celle de Nathan- dont elle fut la chef de campagne).
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Il prétend exiger la perfection et dévalorise l’autre de manière parfois abjecte, parfois drôle.

6 L’INDEX SUR LE HAUT DE L’ARMOIRE

Exemple : lui veut créer un restaurant pour quitter un travail qui l’ennuie, elle est moins enthousiaste, la bouffe, ce n’est pas son truc, mais y a consenti pour lui faire plaisir. En son absence, elle a donc comme il était prévu transformé (avec un copain) une cave crasseuse en salle, sortant les objets, les amenant à la décharge (!), grattant la dalle (50 m²) à la paille de fer, nettoyant et blanchissant murs et plafonds puis installant rideaux et tables avec des nappes de couleur vives qu’elle a réalisées elle-même. En une semaine, la pièce, sombre auparavant, abîmée, sinistre, n’est plus reconnaissable. Il arrive enfin, elle va le chercher en gare et lui annonce joyeuse qu’il va avoir une bonne surprise.. Les voilà arrivés, il entre, ne dit rien, observe tout sans mot dire… et passe simplement son index sur le haut d’un meuble au fond, le regardant avec dégoût.. "Il faudrait tout de même penser à enlever la poussière." Elle objecte que ce sont justement les travaux au sol qui l’ont soulevée et que ça retombe tout le temps, ce sera sans doute le cas pendant quelques jours encore, puis ça finira. Il lève un sourcil : "Quels travaux ?"

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Il mise sur l’ignorance supposée (même en dépit de toute vraisemblance) pour faire croire à sa supériorité par exemple, il expliquerait Spinoza à une prof de philo comme il apprendrait à nager à un poisson, ment ou contourne la vérité.

7 JE VAIS TE CORRIGER LES FAUTES !

Exemple, elle s’est mise depuis peu à écrire en anglais. Il regarde un de ses blogs, étonné. "C’est bien de t’y remettre à ton âge ! Chapeau..  bon, bien sûr, c’est plein de fautes, (en fait, il n’a même pas eu le temps de lire) mais c’est normal… si tu veux je vais te les corriger.." Phrase à tiroir, comme toujours ("à ton âge", elle a 60 ans, tend à signifier que c’est partie perdue, ou au contraire courageux.) En fait, en prétendant corriger ses fautes, il en commet : ici, ce n’est pas trop grave car vérifiable, la syntaxe d’une langue est une mécanique rigoureuse qui ne se plie pas aux appréciations parfois fumeuses d’une œuvre d’art.

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Il est jaloux (je dirais plutôt envieux), ne supporte pas la critique et nie les évidences.

8 LE LIVRE DE GRAMMAIRE SE TROMPE, MOI PAS !

Exemple : lorsqu’elle lui fait remarquer qu’il commet des fautes en affirmant corriger les siennes, il refuse de le reconnaître, ferraille longuement, nie, (il épuise) puis, devant l’évidence d’un livre de grammaire, affirme que cela peut aussi se dire comme il l’a dit, le bouquin est mal foutu, incomplet, il en est sûr-certain etc…

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Un autre "truc" du réversible. Dans un récit anodin, il coupe l’autre pour lui poser des questions inquisitoires comme s’il s’agissait d’un interrogatoire de police au cours duquel l’accusé devrait quêter l’approbation du juge sous peine de représailles (alors qu’il s’agit d’une simple anecdote banale) faisant comme si on cherchait à lui "vendre" un poisson pourri qu’il examine avec toute la méfiance d’un client déjà grugé.

9 IL FAUDRAIT SAVOIR, IL ÉTAIT ONZE HEURES OU ONZE HEURES DIX ?

Exemple de la transformation par le réversible d’un propos banal en tentative de manipulation de la part de l’autre.. pour des raisons inconnues et ici invraisemblables. Léna revient des commissions. C’est elle qui parle : "J’ai rencontré Dany, elle semble ne pas aller très bien en ce moment, je suppose que…" .. " l’as-tu rencontrée ?".. "Dans le village, à l’instant.." .. "Ah bon ? (air suspicieux) mais elle ne sort jamais le matin, elle est malade..".. "Justement, c’est bien ce qui m’a interpelée".. "Mais où l’as-tu vue exactement?".. "Vers le pont, à pied en plus.." .. "A d’autres ! (proféré sur le ton de celui auquel on ne la fait pas !) Elle prend toujours sa voiture..".. "Mais justement, je te dis que c’est ça qui m’a troublée.." .. "Lorsqu’il pleut ? Non, ce n’est pas possible.." etc.. Il agit, même au sujet d’une anecdote anodine, comme si on voulait la lui vendre pour se dédouaner de quelque forfait, c'est-à-dire comme si, en la lui contant, tel un accusé fournissant un alibi bancal, on s’adressait à un juge qui se doit de le vérifier. Du coup, le corps du sujet –pourquoi cette femme va-t-elle mal, l’inquiétude– est évacué parce qu’on a perdu de l’énergie à lui faire admettre (!) un fait qui, notons le, n’a aucun intérêt pour le valoriser ni pour valoriser Léna mais qu’il récuse a priori simplement parce que c’est elle qui l’a relaté. Une menteuse ! Épuisant, déstabilisant, absurde.
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Il adore faire porter ses critiques par un intermédiaire parfois inconnu de sa victime, ou affecte de le faire, sème la zizanie, crée la suspicion, divise pour provoquer des ruptures et isoler celui sur qui il a jeté son grappin.. et aussi, sur le mode du transfert, se sert d’un bouc émissaire pour se tirer symboliquement d’une situation inavouable qui le concerne lui seul (c’est la faute à un autre, par exemple, si X le blackboule : c’est à cause de.. sa/son fille/fils et non de lui, observons que cela vaut même si X ne connaît ni son fils ni sa fille !)

10 CE N’EST PAS MOI QUI LE DIS, C’EST NADIA

Exemple : "Nadia est écœurée de la manière dont tu vis, ça je peux te le dire, elle ne te l’a pas dit, elle est polie, mais elle l’a dit à Nabil qui a dû me le rapporter puisqu’ils ne voulaient jamais venir chez nous, j’ai cru qu’ils étaient fâchés, pas du tout, c’est seulement à cause de toi." 
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vendredi 25 mai 2012

Les manipulateurs en 18 leçons, fin


" VOUS ÊTES EN RETARD "…

Autre exemple. [Le contexte : Jacques est un père relativement réversible qui a des relations ambiguës avec une de ses sœurs, Denise, également réversible mais avec infiniment plus de force et de talent (il semble qu’il y ait des familles construites sur ce modèle, ce est logique puisque lorsque l’on a affaire à un, on est presque toujours amené à le devenir soi-même), peu sympathique, snob, hautaine ; il l’aime et en même temps la haït mais n’ose se l’avouer. Quant à elle, elle méprise ouvertement ce frère qui n’a pas réussi dans la vie, ne l’appelle presque jamais ni ne lui écrit et passe parfois tout près de chez lui sans s’arrêter… ils ne font pas partie du même monde et elle n’est pas sentimentale, frayant avec qui peut la servir et ne perdant pas de temps avec des petits. En fait, Jacques en a un peu peur mais le cache.]

Ce jour là, il est venu à Paris où vit Denise pour voir sa fille Sonia qui y vit aussi.. Or Denise n’a jamais voulu établir de relations avec sa nièce, ce que celle-ci a fort bien accepté : en 10 ans, pas un seul coup de fil ni message. Sonia, au début de son arrivée, était venue la voir à la demande de son père, celle-ci l’avait reçue assez cérémoniellement pour un thé puis lui avait clairement fait entendre qu’elle avait sa vie et Sonia la sienne et que cela ne se réitèrerait plus. Soit. A présent, devenue âgée et infirme, elle l’appelle de temps en temps et Sonia tente de la réconforter comme elle peut. Jacques a décidé d’aller la voir, ce sera peut-être la dernière fois et Sonia a consenti à le conduire (une heure de trajet) malgré son travail. Elle arrive en retard, des élèves l’ont retenue, il est à cran, presque terrorisé, ils vont être en retard etc.. elle objecte que Denise vit seule dans sa maison et n’a pas d’horaires à respecter, mais rien n’y fait, il est au bord de la crise ; agacée, elle rétorque qu’elle ne va pas s’inquiéter outre mesure pour une personne qui en 10 ans ne lui avait jamais passé un coup de fil avant de tomber malade, pas plus qu’à lui d’ailleurs… et Jacques répond aussitôt que bien sûr, si elle ne l’a pas fait… c’est à cause d’elle (de Sonia… que Denise connaissait à peine !) Il refuse d’admettre cette évidence pénible, sa sœur l’a rejeté, lui, parce qu’il n’était pas au même rang social, et fait en dépit de toute vraisemblance porter la "faute".. à sa fille ! Sonia proteste, exaspérée de jouer une fois de plus les paravents (Jacques agit toujours ainsi envers elle). Ils arrivent enfin. Denise les attend, Jacques est impressionné et, le sentant, avec un sourire glacé, elle observe doucement "Vous êtes en retard"… à quoi, pendant que son père s’excuse lamentablement (c’est la faute de sa fille !) Sonia répond assez grossièrement "j’avais mieux à faire"… ce qui traumatise Jacques… tandis que Denise rattrape immédiatement la brutalité voulue de sa réflexion par un "je me faisais du souci pour vous, je redoutais que vous n’ayez eu un accident.." Les réversibles ne sont pas tous tirés sur le même modèle et sont parfois plus ou moins subtils, ici on a affaire à deux de force inégale.. et en ces cas c’est le plus pervers qui a le dessus et en joue contre l’autre… Mais, s’il se sent soudain en situation imprévue de faiblesse (son bluff n’impressionne pas) il est parfois capable de changer immédiatement son fusil d’épaule. C’est le cas : Denise, opérant un virage à 180°, ajoutera même "de toutes façons, je suis seule et à quelqu’heure que ce soit, toute visite, surtout la tienne mon cher Jacques (ici, avec son sourire glacé, elle omet volontairement Sonia affectant de la traiter comme un chauffeur) est un petit miracle.."
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Il ignore les demandes (il feint de ne pas avoir entendu, fait répéter, ne comprend pas, exige d’autres explications, épuise).

11 MAIS TU NE M’AS PAS RAPPELÉ, JE INQUIÉTAIS !

Exemple, au téléphone, à une question embarrassante, il coupe "il y a un tunnel ça passe mal, je suis désolé !" Ou "excuse moi j’ai un RV urgent, je te rappelle ce soir".. et bien sûr il ne le fait pas, puis le lendemain ou le surlendemain, lorsqu’on l’appelle, il s’étonne que l’on ne l’ait pas fait avant. "Mais c’est toi qui devait rappeler, souviens-toi".. "Tu as bien vu que mon téléphone marchait mal tout de même, c’est pourquoi j’attendais ton appel, je n’inquiétais" etc.. !..

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Ou il change de sujet au cours d’une conversation, et, pour éviter une question embarrassante, évoque des faits anciens et douloureux (culpabilisateurs) pour exaspérer l’autre, le mettre en colère.. afin d’avoir un prétexte pour couper court (puisque tu le prends ainsi, je préfère arrêter, ça ne sert à rien de se disputer). Voir exemple " Tu vas venir ou non ?"

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12 TANIA, UNE HORS-CASTE DE LA PERVERSITÉ, 
LE DUO, LE PLUS INQUIÉTANT

Il utilise les principes moraux des autres pour son compte et jamais l’inverse. Et souvent joue en duo, utilisant un autre pervers plus habile que lui.. qui parfois le manipule lui aussi, ce qu’il ne voit pas. On va voir ici une championne toute catégorie, une hors-caste de la perversité (ici le terme convient bien.)

Exemple. Tania, belle-sœur de Léna (dont elle est jalouse car elle a épousé son frère et a socialement -mais non financièrement- mieux réussi qu’elle qui n’est que femme au foyer) humilie celle-ci en public au cours d’une soirée familiale : elle a à plusieurs reprises parlé en arabe pour accaparer une nièce qui devisait avec Léna, qui ne comprend pas l'arabe, puis nié lorsque Léna s'est fâchée à la troisième fois... Et tous ont feint de la croire, c'est Léna la menteuse! y compris son mari, le frère de Tania, lui aussi "réversible". Tous lui sont tombés dessus et Léna est partie en larmes, sous le regard inoubliable de Tania la "raccompagnant", qu'elle seule a pu voir. Le soir, lorsqu’il rentre à la maison, elle refuse d’adresser la parole à son mari et même de dormir dans le même lit. Il feint de s’étonner, d’être triste, de la consoler. "Que se passe-t-il ?" .. " Ta gueule".. "Mais je ne comprends pas, explique-moi… Ah oui, (il feint de découvrir la cause de la colère de sa femme et d’être surpris) c’est à cause de Tania ?.. Mais tu ne vas pas faire des histoires pour une telle vétille tout de même ? Tu sais bien qu’elle est comme ça, ce n’est pas de sa faute, elle n’a aucune instruction, elle est un peu… complexée, voyons, on le sait et toi, tu es au dessus de ça.." .. "Et tu as pris son parti, avec toute la meute, me laissant seule les affronter et en m’envoyant même des banderilles en prime, alors que tu sais très bien qu'elle mentait..".. "Mais bien sûr je le sais, mais ça a si peu d’importance à la fin, allons, calme-toi, c’est grotesque, ce n’est rien du tout, tu es tellement incomparable, ne te donne pas le ridicule de te ronger pour elle.." Droit dans ses bottes, sachant fort bien (sur ce point il a raison) qu’elle était manipulée par une menteuse hors caste. Là, il va utiliser ses principes moraux (et sa supposée valeur intellectuelle, pour le coup mise en évidence !) pour lui faire avaler la pilule de sa propre lâcheté. Non, il le sait bien, qu’elle ne ment pas, et Tania si, tout le temps, c’est clair. Mais en public, il a fait chorus lorsque l’autre, soutenue par son mari et sa mère (et toute la suite qui n’osait mot dire) a accusé Léna d’être folle (d’entendre des voix ? Ce n’était pas dit mais sous entendu).

Le sourire triomphant de Tania, que la meute ne voyait que de dos, lorsque Léna franchit la porte en larmes, elle ne l’oublia jamais : celle qui en tragédienne consommée affectait une seconde avant le désespoir le plus poignant, laissa soudain pour elle seule tomber le masque de détresse, arborant tout en la fixant intensément avec une indescriptible haine, une extraordinaire mimique de victoire... sans un mot évidemment, lorsque Léna, accablée par la masse rameutée et surtout par la trahison de Nathan, éclatant en sanglots, s’enfuit littéralement sous les cris de tous (y compris de son propre mari)..  Tania, une fois retournée, se recomposa le visage désespéré qui avait ému la foule. Là, le réversible (Nathan) a été manipulé par plus pervers que lui, Tania (à ce jeu, c’est toujours le plus pervers qui gagne) parce qu’il a perdu sa femme… ce qui était le but de sa sœur… mais il en a davantage souffert que Léna qui tout compte fait s’est construite une autre vie meilleure. Une observation ici : le réversible, lorsqu’il est réellement haut de gamme comme Tania, semble n’avoir aucun affect, même familial, même de parent.. ni de logique : il est clair ici qu’elle savait détruire non seulement sa belle-sœur honnie (soit) mais surtout son frère "adoré" qui malgré tout "aimait" sa femme. En un sens, le réversible est comme envahi par une passion de destruction que rien ne peut arrêter, même s’il risque également (dommages collatéraux) de démolir des proches non ciblés en théorie (enfants, frères ou sœurs, parents.. car on ne détruit jamais seulement une personne mais plusieurs) voire lui même. C’est "plus fort que lui", il faut qu’il blesse, qu’il détruise, qu’il manigance pour exister, c’est comme un jeu et parfois il en rit, il ne sait être qu’ainsi, ne peut s’arrêter car il en jouit trop. Il est souvent soutenu par une troupe qui semble inconsciente de sa perversité voire l’admirer. Il aime avoir un public ou plus exactement son public attitré. Parfois, le jeu n'a d'autre sens que d'être seulement cruel, sans aucun bénéfice.

Exemple, Tania, après la mort d’un proche en principe aimé, prit le téléphone comme par jeu et, après en avoir averti sa fratrie, se lança au sujet du défunt pour sa veuve éplorée, sous les fous rires étouffés de tous, dans une tirade-dithyrambe théâtrale volontairement exagérée jusqu’au grotesque.. que la pauvre femme prit pour argent comptant, chargeant de plus en plus les didascalies.. puis éclata de rire après avoir raccroché rapidement car elle n’y tenait plus… et tous soupèrent de bon appétit encore amusés d’une si drôle prestation. Il s’agissait pourtant d’un homme avec lequel ils avaient régulièrement déjeuné et qui les avait largement aidés au cours d’un épisode assez pénible (note, le vrai pervers comme Tania, structurel, rend souvent le mal pour le bien, détestant devoir remercier : les deux mots qu'il n'emploie jamais méfiez vous de qui a ce travers et ne cherchez JAMAIS à l'aider– sont "merci" et "excusez-moi"). Même la maladie de sa mère "adorée", malgré une émotion de façade, sembla ne pas la toucher (elle vérifiait en permanence si son maquillage indélébile prévu pour la circonstance ne coulait pas) et malgré l’état de celle-ci, fila aussitôt pour un voyage d’agrément en Égypte puis rallia directement l’Argentine sa croisière achevée, sans escale.. 

Note : Tania agit envers ses propres sœurs de la même façon qu’envers Léna et contribua largement au suicide d’un de ses beaux-frères, ciblé juste après elle dans l’ordre de sa haine. Plus fragile, lui.
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Il menace de façon déguisée ou ouvertement..

13 DANS CES CONDITIONS, MIK N’IRA PAS AUX USA !

Exemple : le contexte. [Il a promis à son fils un voyage aux USA où son neveu du même âge, fils d’une sœur cadette, doit aller lui aussi. Ils iront ensemble. Mik est ravi.] Elle s’oppose à lui un soir où elle a des copies à corriger lorsqu’il tente d’exiger qu’elle l’accompagne chez sa mère qui a réclamé sa visite. Elle est fatiguée, le trajet est long, elle a cours le matin tôt.. Il va tenter de la manipuler de toutes les manières. C’est important, ma mère va mal… Mais vas-y toi, c’est toi qu’elle veut voir, pas moi.. pas du tout, c’est important que tu viennes.. Mais je suis crevée.. Ça ne va prendre qu’une heure, tout de même tu peux bien faire ça pour moi.. Mais elle tient bon. Alors il s’exclame comme pour lui-même "il va donc nous falloir lui payer une employée de nuit car on ne peut pas la laisser seule dans cet état là.." Elle rétorque "très bien, si tu penses que ça ira mieux.." Lui s’attendait à ce qu’elle proteste, c’est raté. Alors il sort la grosse artillerie : "Oui, je peux payer, toujours payer ! mais en ce cas, je te préviens, Mik va devoir se brosser pour son voyage aux USA, on n’a pas un budget illimité tout de même.." Le deal ici est clair : ou tu viens avec moi ou je refuse de payer pour le voyage de Mik (par ailleurs promis mais pour le réversible, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.). Elle s’en sortira de manière perverse elle aussi (car le pervers rend obligatoirement l’autre pervers lorsqu’il lui a mis le dos au mur.) "Ça m’arrange tu vois car je n’y tenais pas du tout, il est trop jeune.. et puis en effet c’est cher, mais ce n’est pas grave, je dirai simplement à Annie que nous n’avons pas les moyens et David ira avec José, voilà tout.." Le discours ici est codé : il reçoit une, non, deux pierres dans la figure, de belle taille.. car il pose devant ses sœurs à celui qui a "réussi" et avouer à Annie qu’il a moins de moyens qu’elle (et pire, qu’il en a même moins que la plus jeune) serait une honte dont il ne se relèverait pas. Il hurle aussitôt : "Non, pas question, on n’en est pas là tout de même.." et c’est elle qui va insister pour que le voyage n’ait pas lieu.. pendant qu’il trépigne.

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Il se montre d’un égocentrique quasi comique et ne tient pas compte des droits, des désirs, des besoins des autres.. qu’il ne voit parfois même pas.

14 LES BOUES DE LA MER MORTE

Exemple, Louise, une cousine à lui, âgée, israélienne, que sa femme ne connaissait pas, venue en visite chez eux, observant les difficultés de celle-ci à ouvrir l’escalier amovible qui dessert le second étage, agacée, demande à Nathan de l’aider (il ne le fait jamais et ne voit même pas qu’elle peine) puis elle la questionne : n’a-t-elle pas des problèmes de dos ? Elle confirme. Louise lui dit alors que les boues de la mer morte sont excellentes et lui propose de venir en Israël en faire une cure. Lui la coupe aussitôt, il va y aller, dit-il, (mais pas Léna !)… et, exaspérée, Louise lui lance "mais je parlais de Léna : que toi tu ailles prochainement te baigner dans la Mer Morte ne fera rien pour ses rhumatismes à elle !"

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Il pratique souvent le double bind. Son discours, emberlificoté, paraît logique (enfin, presque) mais ses attitudes, actes répondent au schéma opposé, ce qu’il nie (ou justifie) par un autre discours, contraire ! toujours aussi emberlificoté !  Tout son logos est en fait une bouillie sans sens réel.

15  DES ATTITUDES INAPPROPRIÉES. 
JE SUIS SI INQUIET POUR TOI MA CHÉRIE !

Exemple, il va l’appeler x fois alors que tout va bien et qu'il le sait (mais il est inquiet dit-il) et qu’elle est avec une amie qui l’a tirée d’affaire simplement en l’écoutant et ne lui parlant... mais jamais lorsque ce n'est pas le cas, le soir notamment où elle était (à cause de lui entre autres) en pleine crise d’angoisse voire de panique.. et mieux, il s’arrangera pour ne pas pouvoir être joint. Elle lui avait laissé un message sur son portable. Deux soirs de suite. En tout, il y eut dix (?) appels nocturnes, du jamais-vu car elle n'appelle presque jamais et surtout pas le soir afin de ne pas le mettre mal avec sa compagne. Puis la crise passée, le surlendemain, il va l’appeler.. et l’accabler "ce n’est rien, c’est juste que.." car il a son diagnostic, lui, et ce qu’en disent les médecins (un burn out relié au surmenage) il le révoque en doute.. Puis il va la harceler d’appels alors qu’elle ne le souhaite visiblement pas ou plus exactement plus et l’accabler de déclarations d’amour panégyriques totalement contradictoires avec son attitude précédente qui la mettent mal à l’aise. Les écouter seulement lui donne l’impression qu’il se moque d’elle.

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Il flatte, fait des cadeaux, se met soudain aux petits soins.


16 VOYEZ COMBIEN IL EST PUDIQUE !

… Oui, il se répand en panégyrismes si possible juste après une démonstration d’indifférence rare et particulièrement cruelle.. C’est le principe du brûlant-glacé, du déni du réel, qui donne le vertige et peut rendre fou lorsqu’il est appliqué à un enfant (a-t-on bien vu ? S’est-on trompé ? tant c’est parfois énorme).. que l’on pourrait comparer à ce qu’on ressentirait si le témoin d’un exhibitionniste en pleine action que vous venez de dénoncer (et qui nie farouchement cette propension chez celui-ci) s’exclamait triomphalement en le pointant en train de se masturber "vous voyez bien comme il est pudique, je vous avais dit que vous vous trompiez!" Le réel, pour le réversible, c’est ce qu’il dit et non ce qui est devant lui. Attitude qui dans certains cas, confine à la psychose.

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Il suscite un état de malaise, d’angoisse voire de terreur et, malgré une intelligence très moyenne, est un champion pour atteindre ses buts au dépends d’autrui et faire faire à l’autre des choses qu’il n’aurait jamais faites de son plein gré sans qu’il ne s’en rende compte.. même si sa victime est plus intelligente que lui. 

17 L’ANNÉE PROCHAINE A JÉRUSALEM, 30 ANS DE PROMESSES

Exemple : un homme parvient à faire croire à sa femme que "bientôt" ils iront vivre là où elle veut… là où il était prévu qu’ils aillent … durant 30 ans ! "On reste à Paris juste un an, lui avait-il assuré pour la pousser à partir le rejoindre et après, d’accord, on ira dans le Midi.." Elle l’a cru. Il n’en avait en fait jamais eu l’intention et l’avait simplement manipulée pour qu’elle reste avec lui là où il voulait, lui, demeurer, quelle que soit sa détresse au départ [car sa famille à lui (sa mère et ses sœurs) qui devait le suivre (ce qu’il s’était bien gardé de lui dire) n’imaginait pas vivre ailleurs que dans la capitale et ne pouvait vivre sans lui et vice versa.]

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Il est aussi constamment l’objet de discussions entre gens qui le connaissent (ou pas), même s’il n’est pas là, obsède l’autre et celui-ci par ricochet transmet son obsession.

18 LUI, TOUJOURS LUI, ENCORE ET ENCORE

Comme tous les phénomènes incompréhensibles et inquiétants en effet, il suscite non seulement la peur et le malaise mais aussi la curiosité.. et de multiples études.. Il fascine.

dimanche 20 mai 2012

On ne naît pas pervers, on le devient. Ceux qu'on appelle à tort manipulateurs

Le mot pervers ou manipulateur et tous ces concepts unijambistes n'expliquent rien et laissent penser que l'on naît ainsi. C'est faux. On le devient par l'éducation : les parents formatent leurs fil/lles à la manipulation comme on leur apprend l'anglais ou les maths. Ceux-ci, lorsqu'ils ont tenté d'échapper au milieu familial, souvent délétère, peuvent alors alterner des périodes normales et des périodes de rechutes comme si le virus resurgissait lors d'un stress même minime.. pour se mettre en sommeil un temps (jamais très longtemps). 

 Ce n'est pas forcément un calcul et dans certains cas ils sont sincères. D'où le désarroi de la victime.. qui parfois SAIT, rien qu'à l'intonation de la voix, même au téléphone, s'il/elle est en phase "malade" (car c'est une pathologie dans la mesure où le sujet se détruit en même temps qu'il détruit l'autre) ou en rémission. Dans le premier cas, la voix est atone, blanche, met mal à l'aise, en décalage complet parfois avec ce qui est dit (par exemple il dit "ça va" sur un ton mourant.) 

 Les gens de ce type, détruits, vides, cherchent un tuteur pour se tenir, une victime pour s'en repaître.. mais ils finissent par la haïssent justement parce qu'ils en ont un besoin vital (et, ils le ressentent parfois même si c'est à tort, la réciproque n'est pas vraie.) Ils savent eux-mêmes qu'ils ont ce besoin VITAL, c'est leur talon d'Achille, et pensent qu'elle le sait aussi (ce n'est pas toujours vrai).. donc cherchent à la persuader qu'elle ne peut vivre sans eux. Un transfert. Pour cela, il faut la dévaloriser, la détruire. Pas totalement, juste assez pour la tenir. Ils y parviennent parfois, pas toujours, il y a autant de sortes de victimes qu'il y a de sujets de ce type. Il est vrai qu'ils pratiquent par transfert, par exemple accusent l'autre de manquer d'empathie, d'être sauvage, d'être isolé/e.. alors que c’est eux qui souffrent de ne pouvoir accéder à l'autre. Mais la réalité souvent pointe son nez: malgré les apparences, c'est lui qui n'a pas d'amis, qui est d'une timidité qui confine à la pathologie, cela se perçoit lors d'une séparation (même brève) : elle est soudain très entourée et lui, seul.

Il va illico s'en chercher une autre car il ne peut supporter la solitude mais jamais elle ne sera aussi performante que la première.. qu'il va alors tenter de reconquérir tout en gardant l'autre sous le coude, on ne sait jamais. Il/elle a besoin de plusieurs "cordes" à son arc et de jouer de l'une contre l'autre; il prétend être un "sauveur", un cadeau inestimable qu'il daigne offrir à celle qu'il a choisie.. MAIS QUI NE LE MÉRITE PAS, un cadeau que d'autres QUI LE MÉRITERAIENT aimeraient bien recevoir... et il lui fait entendre que si elle n'en veut pas, si elle refuse d'être sauvée il y en a sur les rangs, pléthore. Il la met dans une situation d'angoisse ou de gratitude permanente.   

Cela n’exclut pas une valorisation paradoxale rarement pointée dans les analyses. Par exemple elle a peint un tableau qu’il va démolir savamment (mais elle peut n’en tenir aucun compte si elle a autour d’elle des gens qui l’aiment). Tout son discours est codé : "Ce n’est pas mal, mais enfin le bras n’est pas à sa place, ça fait difforme, enfin je ne sais pas, c’est peut-être voulu… en fait, c’est surtout la couleur qui gêne, ce rose bonbon, non, ça ne va pas, il faudrait un ton plus foncé, ou plus… mais c’est bien tout de même.. pour un début" etc… Ou encore au sujet d’un texte en anglais "c’est plein de fautes (il n’a même pas eu le temps de lire en entier) mais c’est drôlement courageux de te remettre à l’anglais à ton âge, chapeau, je vais te le corriger si tu veux.." (Or, le texte ne comprend aucune faute, il a été relu par une anglophone… et en prétendant "corriger" la syntaxe, en réalité, il commet des erreurs!) Mais lorsqu’ensuite le tableau (ou le texte) sera apprécié (celui-ci a été vendu immédiatement) il se montrera très fier d’elle. Affiché sur un panneau par exemple, il sera le premier à dire "c’est ma femme qui l’a peint" !!

Le sujet de ce type en un sens se mésestime lui-même et mésestime dans la foulée tous ceux qu’il a réussi à  séduire, comme un escroc ses dupes ; il n’a aucune confiance en lui, ne sait que penser : tout son discours est relié non pas à ce qu’il pense ou sent vraiment mais à ce qu’il suppose qu’il faut penser ou ressentir.. ou à ce qui va lui servir, lui (s’il est dans une phase normale ou s’il a quelque chose à demander, il va trouver un tableau/texte "bien" mais dans le cas où une rancune l’étouffe, il le démolira, comme un enfant de 4 ans.) Il ne sait pas où il en est, cela peut être relié à un déracinement et à un malaise devant une culture qu’il ne possède pas totalement. 

Malgré les apparences, il n’aime pas qu’on l’aime, ou plutôt il le recherche à tout prix mais ensuite, comme il "sait" (ou il "croit à tort" en) sa non valeur, il va mésestimer sa victime qui s'est faite avoir, qui donc est "pire" que lui, à la manière des escrocs se moquant intérieurement de leurs gogos. On peut le "sauver" en lui faisant prendre conscience de sa valeur, mais ce n'est pas une partie aisée à jouer et il ne faut jamais baisser la garde car alors il a tendance à en profiter. Avec lui, ce sera toujours malgré les apparences une relation de pouvoir et d'intrigues. 

Une cause supposée, la confusion des générations : des relations de sur-valorisation paradoxales (ou de sous-valorisation) dans l'enfance avec un parent du sexe opposé qui confinent à l'inceste. La mère par exemple a traité son fils comme son mari : il fut un enfant-roi à qui on n'a jamais osé dire non mais dont on a exigé un total dévouement au clan.. Cette relation fusionnelle a vampirisé l'enfant, lequel, vidé de sa substance, sera contraint de pomper une victime pour vivre ensuite. L'archétype de cette configuration familiale est une mère beaucoup plus jeune que son mari (veuve ensuite) frustrée de toute vie affective et sexuelle ayant reporté sur son fils des affects en principe réservés à une relation sexuelle.. son fils avec lequel la différence d'âge est moindre qu'entre elle et son mari "officiel". L'histoire peut se poursuivre à l'infini si celui-ci, empêché d'avoir une vie sexuelle finit à son tour par se marier tardivement, en général après la mort de la matriarche, avec une toute jeune fille qui fera de même avec son fils etc.. Dans certains milieux où les mariages arrangés sont la règle absolue, cette configuration est banale.. et ses conséquences dramatiques, également. On ne naît pas pervers, on le devient.