dimanche 20 mai 2012

On ne naît pas pervers, on le devient. Ceux qu'on appelle à tort manipulateurs

Le mot pervers ou manipulateur et tous ces concepts unijambistes n'expliquent rien et laissent penser que l'on naît ainsi. C'est faux. On le devient par l'éducation : les parents formatent leurs fil/lles à la manipulation comme on leur apprend l'anglais ou les maths. Ceux-ci, lorsqu'ils ont tenté d'échapper au milieu familial, souvent délétère, peuvent alors alterner des périodes normales et des périodes de rechutes comme si le virus resurgissait lors d'un stress même minime.. pour se mettre en sommeil un temps (jamais très longtemps). 

 Ce n'est pas forcément un calcul et dans certains cas ils sont sincères. D'où le désarroi de la victime.. qui parfois SAIT, rien qu'à l'intonation de la voix, même au téléphone, s'il/elle est en phase "malade" (car c'est une pathologie dans la mesure où le sujet se détruit en même temps qu'il détruit l'autre) ou en rémission. Dans le premier cas, la voix est atone, blanche, met mal à l'aise, en décalage complet parfois avec ce qui est dit (par exemple il dit "ça va" sur un ton mourant.) 

 Les gens de ce type, détruits, vides, cherchent un tuteur pour se tenir, une victime pour s'en repaître.. mais ils finissent par la haïssent justement parce qu'ils en ont un besoin vital (et, ils le ressentent parfois même si c'est à tort, la réciproque n'est pas vraie.) Ils savent eux-mêmes qu'ils ont ce besoin VITAL, c'est leur talon d'Achille, et pensent qu'elle le sait aussi (ce n'est pas toujours vrai).. donc cherchent à la persuader qu'elle ne peut vivre sans eux. Un transfert. Pour cela, il faut la dévaloriser, la détruire. Pas totalement, juste assez pour la tenir. Ils y parviennent parfois, pas toujours, il y a autant de sortes de victimes qu'il y a de sujets de ce type. Il est vrai qu'ils pratiquent par transfert, par exemple accusent l'autre de manquer d'empathie, d'être sauvage, d'être isolé/e.. alors que c’est eux qui souffrent de ne pouvoir accéder à l'autre. Mais la réalité souvent pointe son nez: malgré les apparences, c'est lui qui n'a pas d'amis, qui est d'une timidité qui confine à la pathologie, cela se perçoit lors d'une séparation (même brève) : elle est soudain très entourée et lui, seul.

Il va illico s'en chercher une autre car il ne peut supporter la solitude mais jamais elle ne sera aussi performante que la première.. qu'il va alors tenter de reconquérir tout en gardant l'autre sous le coude, on ne sait jamais. Il/elle a besoin de plusieurs "cordes" à son arc et de jouer de l'une contre l'autre; il prétend être un "sauveur", un cadeau inestimable qu'il daigne offrir à celle qu'il a choisie.. MAIS QUI NE LE MÉRITE PAS, un cadeau que d'autres QUI LE MÉRITERAIENT aimeraient bien recevoir... et il lui fait entendre que si elle n'en veut pas, si elle refuse d'être sauvée il y en a sur les rangs, pléthore. Il la met dans une situation d'angoisse ou de gratitude permanente.   

Cela n’exclut pas une valorisation paradoxale rarement pointée dans les analyses. Par exemple elle a peint un tableau qu’il va démolir savamment (mais elle peut n’en tenir aucun compte si elle a autour d’elle des gens qui l’aiment). Tout son discours est codé : "Ce n’est pas mal, mais enfin le bras n’est pas à sa place, ça fait difforme, enfin je ne sais pas, c’est peut-être voulu… en fait, c’est surtout la couleur qui gêne, ce rose bonbon, non, ça ne va pas, il faudrait un ton plus foncé, ou plus… mais c’est bien tout de même.. pour un début" etc… Ou encore au sujet d’un texte en anglais "c’est plein de fautes (il n’a même pas eu le temps de lire en entier) mais c’est drôlement courageux de te remettre à l’anglais à ton âge, chapeau, je vais te le corriger si tu veux.." (Or, le texte ne comprend aucune faute, il a été relu par une anglophone… et en prétendant "corriger" la syntaxe, en réalité, il commet des erreurs!) Mais lorsqu’ensuite le tableau (ou le texte) sera apprécié (celui-ci a été vendu immédiatement) il se montrera très fier d’elle. Affiché sur un panneau par exemple, il sera le premier à dire "c’est ma femme qui l’a peint" !!

Le sujet de ce type en un sens se mésestime lui-même et mésestime dans la foulée tous ceux qu’il a réussi à  séduire, comme un escroc ses dupes ; il n’a aucune confiance en lui, ne sait que penser : tout son discours est relié non pas à ce qu’il pense ou sent vraiment mais à ce qu’il suppose qu’il faut penser ou ressentir.. ou à ce qui va lui servir, lui (s’il est dans une phase normale ou s’il a quelque chose à demander, il va trouver un tableau/texte "bien" mais dans le cas où une rancune l’étouffe, il le démolira, comme un enfant de 4 ans.) Il ne sait pas où il en est, cela peut être relié à un déracinement et à un malaise devant une culture qu’il ne possède pas totalement. 

Malgré les apparences, il n’aime pas qu’on l’aime, ou plutôt il le recherche à tout prix mais ensuite, comme il "sait" (ou il "croit à tort" en) sa non valeur, il va mésestimer sa victime qui s'est faite avoir, qui donc est "pire" que lui, à la manière des escrocs se moquant intérieurement de leurs gogos. On peut le "sauver" en lui faisant prendre conscience de sa valeur, mais ce n'est pas une partie aisée à jouer et il ne faut jamais baisser la garde car alors il a tendance à en profiter. Avec lui, ce sera toujours malgré les apparences une relation de pouvoir et d'intrigues. 

Une cause supposée, la confusion des générations : des relations de sur-valorisation paradoxales (ou de sous-valorisation) dans l'enfance avec un parent du sexe opposé qui confinent à l'inceste. La mère par exemple a traité son fils comme son mari : il fut un enfant-roi à qui on n'a jamais osé dire non mais dont on a exigé un total dévouement au clan.. Cette relation fusionnelle a vampirisé l'enfant, lequel, vidé de sa substance, sera contraint de pomper une victime pour vivre ensuite. L'archétype de cette configuration familiale est une mère beaucoup plus jeune que son mari (veuve ensuite) frustrée de toute vie affective et sexuelle ayant reporté sur son fils des affects en principe réservés à une relation sexuelle.. son fils avec lequel la différence d'âge est moindre qu'entre elle et son mari "officiel". L'histoire peut se poursuivre à l'infini si celui-ci, empêché d'avoir une vie sexuelle finit à son tour par se marier tardivement, en général après la mort de la matriarche, avec une toute jeune fille qui fera de même avec son fils etc.. Dans certains milieux où les mariages arrangés sont la règle absolue, cette configuration est banale.. et ses conséquences dramatiques, également. On ne naît pas pervers, on le devient.

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