vendredi 26 octobre 2012

A propos d'Alma, la tueuse guatémaltèque dont la vidéo fait le buzz. Bourreaux et victimes, un couple fusionnel


 
 Malsain, les lamentations d’une tueuse.. qui le plus souvent semble surtout se plaindre sur elle-même. En faire une icône peut aussi susciter des émules! Il reste que le documentaire a le mérite d’examiner les relations spéciales et effarantes entre bourreaux et victimes en période de guerre, dans les groupes (même militants), l’un devenant l’autre (parfois c’est le syndrome de Stockholm) où le bourreau exige une participation de ses victimes (ici pour Alma, volontaire donc elle n'est pas une "vraie" victime au départ), comme un gage, une sorte de bizutage pour l’admettre dans le clan... ou simplement, dans le cas des victimes involontaires, pour lui laisser la vie sauve sous conditions (argent, dénonciation de copains etc..) 

Par exemple dans les groupes de combattants kurdes ou dans les commandos spéciaux de l’armée turque, on a des personnages "démobilisés" qui ressemblent à Alma. Un univers totalitaire des deux côtés dont personne ne sort indemne. Lien avec le "cas léna".

Car dans ces groupes militants (guérillero) que je ne citerai pas, ou dans d’autres opposés, il y a de la même façon obligation pour les "nouveaux" de regarder (au départ seulement regarder) des scènes de tortures et d’exécution... puis, petit à petit, cela devient de plus en plus "actif", on demande une aide, au départ simplement matérielle (amener les victimes, les "préparer", nettoyer les dégâts) et enfin de tuer eux-mêmes, toujours sur la base qu’il s’agit d’ "ennemis" ; ainsi les bourreaux (les officiels, militants, soldats, ceux qui tiennent à une image d'eux-mêmes assez propre voire romanesque) s’assurent-ils de ne pas être dénoncés (les "bleus" sont "mouillés"), c'est aussi efficace que la terreur de représailles. 

Le cercle est bouclé: les pseudos victimes (les impétrants ou les bleus souvent involontaires) sont devenues bourreaux, parfois plus hard encore que leurs recruteurs-modèles. Elles se tairont. Un autre "truc" consiste à recruter contre leurs "frères" des "soldats" qui vont jouer le rôle de kapo-bourreaux, des kurdes contre les maquis indépendentistes par exemple ou des femmes lorsqu'il s'agit de violer d'autres femmes.

Mais il ne faut pas mettre au même plan les pseudos victimes que sont des gens comme Alma qui savait à peu près où elle allait, et les victimes réelles .. même s’il peut arriver aussi que celles-ci elles mêmes puissent finir par devenir également bourreaux (par exemple dans le cas des enfants kidnappés par des pédophiles qui ensuite, bien plus tard, une fois adultes, deviennent recruteurs ou eux-mêmes pédophiles. Il reste qu’Alma a "choisi", du moins à demi (son enfance est une explication mais non une justification) : pas les racketés-torturés-ou paysans assassinés. 
 
La présenter avec une telle empathie est malvenu car il est probable qu’elle n’a dû sa survie, fût-elle infirme, qu’à une habileté remarquable.. et manipulatrice (tendance que l’on retrouve par exemple chez le héros de "Noces kurdes" (lien avec des extraits du livre) capable d’être tour à tour serviable, aimable, généreux, disert et bouleversant, tirant des larmes au plus endurci... et en même temps -ou parfois seulement- de calculer ses didascalies pour exploiter au mieux son public).. oui, il est probable qu’elle ne dit pas tout, mettant sa "mama" dans la sauce juste après une confession particulièrement atroce pour la faire passer; et la présenter en héroïne est quasi insultant pour ses victimes et dramatique pour la société. Elle est peut-être sincère malgré tout par moments... sur fond de cynisme masqué ou affiché juste ce qu’il faut pour tenir son auditoire en haleine au mieux de ses intérêts. 

On a de tels personnages parmi les "démobilisés" ayant connu la drogue (dans ces groupes militaires et militarisés, elle est la règle avant les combats) et d'abominables "faits d’armes", attachants voire fascinants ET sordides la fois dont il faut toujours se défier : après "ça" pensent-ils confusément, et en un sens c'est vrai, rien, aucun geste le plus horrible ou abject qui soit ne leur semble exclu, ne leur paraît très grave, un mélange d'innocence et de machiavélisme (cf Noces kurdes, une expérience tragique et angoissante  -lien-) 

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