dimanche 18 novembre 2012

Chloé, la jeune fille kidnappée vers Barjac..

D'abord, Chloé n'a été retrouvée que par hasard, un miracle, et parce que son kidnappeur, pardon, présumé kidnappeur était du genre pas futé, une voiture volée sans même qu'il se soit donné la peine d'y apposer de "vraies" plaques, suivi d'un léger accident, un phare. L'eût-il été que NOUS NE L'AURIONS SANS DOUTE JAMAIS REVUE ! 

Question angoissante : où se rendait-il avec la jeune fille dans son coffre? S'il ne s'était agi que de la violer (!) avait-il besoin d'aller en Allemagne? Cela ressemble fâcheusement à un contrat, une livraison. Cf le livre "Les disparues d'Apoigny" qui dénonce de véritables trafics d'enfants ou de mineur/es apparemment assez mollement recherchés surtout s'ils sont "fragiles" et l'entourage idem, ou l'affaire Dutroux et les impensables bévues policières sans lesquelles Julie et Mélissa eussent été sauvées.

Autre question ou plutôt réponse : ceux qui s'insurgent contre le fait que la prison ne remplit pas son rôle d'éducation partent implicitement du principe platonicien que "nul n'est méchant volontairement" et qu'il suffit d'enseigner, de faire voir le bien pour qu'il soit acté ensuite. C'est faux. Certains, surtout parmi les prédateurs sexuels, savent fort bien mal faire jusqu'à l'horreur, il n'est pas utile de le leur "expliquer" (!)... et le font tout de même, simplement parce qu'ils s'en moquent. D'autre part c'est en principe à l'école d'éduquer et non à la prison. 

Ici on a un pluri délinquant-criminel récidiviste -pour l'un au moins de ses gestes- qui visiblement combine plusieurs méfaits, sexuels perso semble-t-il (viol et agressions sexuelles), pédophile ou quasi, vol mineur (de bagnole) et peut-être ici le plus grave, une stipende, le cas est moins rare que l'on ne croit de ces criminels multifonctions qui joignent "l'utile et l'agréable", et il est un fait que les "amateurs" recrutent comme hommes de main fournisseurs des prédateurs sexuels qui savent faire pour leur propre compte. Et enfin, une très grande partie des viols sur enfants ne sont jamais signalés, y compris si l'enfant s'est plaint lui-même, y compris si les parents sont aimants.  Impensable mais exact. Deux cas récents.

On parle à mi mot et on passe vite à autre chose: Rose par exemple fait état de "problèmes" de son fils... peut-être dit-elle, embarrassée lorsqu'on la questionne, reliés à une boîte de curés où il y aurait eu... euh.. enfin peut-être.. "des histoires".. Quelles histoires? Oh des affaires entre certains prêtres et les enfants... Quelles affaires? "On a dit que.. enfin vous voyez ce que je veux dire? mais bon on l'a retiré l'année d'après (!!?)" etc.. Une plainte ? Non, bien sûr, à quoi bon (?!?) On n'allait pas remuer ça, et puis il n'était pas tout seul et les autres n'ont pas bronché. Ou encore, Annie grand-mère aimante et dévouée ne s'étonne pas plus que ça de voir arriver sa petite fille handicapée mentale comme tous les samedi en taxi, en larmes, des excréments sur ses vêtements, refusant qu'on la lave et marmonnant "méchant monsieur" etc... et à la question d'une proche "mais n'a-t-elle pas été sodomisée?" elle se récrie horrifiée "voyons, que vas-tu imaginer" etc.. Aucune plainte là aussi et cela s'est réitéré pourtant. Ou encore (lien avec "le syndrome de Stockholm".) 

L'enfant-roi dont les publicités et les magazines nous abreuvent est un mythe d'inversion catastrophique: comme de tout être fragile, personnes âgées, malades, la société et même souvent l'entourage qui fait chorus se moque bien, surtout s'il ne consomme pas ou peu. Et même dans ce cas, dans un milieu bourgeois le cas Agnès (lien).   
Lien avec "un ratage policier et judiciaire abracadabrantesque". 

samedi 10 novembre 2012

Harcèlement au travail, épiphénomène et artefacts. Un simple geste suffit

 
Lors d'une relation patron-employé pervertie depuis des lustres, le harceleur n'a même plus besoin de se laisser aller à quelque méfaits lourds et évidents, des semi insultes par exemple ou un mépris caractérisé; un simple geste, anodin et banal, suffit à devenir dans le contexte une menace dirimante.. mais pour la cible seulement (lien avec le "principe du cobra"). Ainsi, un simple doigt passé au dessus d'une étagère peut-il revêtir un sens quasi mortifère sans pour autant que la victime ne soit paranoïaque, et elle aura bien du mal à le faire reconnaître -en justice ou non- : c'est le but (lien). Un regard vers une tache au sol, idem. Le harcèlement, lorsqu'il est bien conduit, est ce qu'il y a de plus difficile à démontrer. Il suffit de construire une niche et le reste glisse tout seul (lien). 

[Note. Lorsqu'il est sexuel, c'est encore plus facile.]

jeudi 1 novembre 2012



LES AGRESSEURS SEXUELS 
ET LEURS KAPOS, LE CAS LENA
(Suite d'un article de "femmesavenir", lien) 

[Il s'agit de maltraitance..]

Il arrive que ceux ou celles qui dans, leur enfance, ont subi ou été témoins, ce qui pour les conséquences revient au même d'actes gravissimes, non seulement pratiquent le déni et la solidarité envers le doleur MAIS AILLENT JUSQU’À ÉREINTER LES VICTIMES a priori et en toutes circonstances, telles les femmes battues qui chargent les féministes qui les défendent, elles ou d'autres victimes. C'est le syndrome de Stockholm. Exemple.


Léna 

Léna, de milieu petit bourgeois intello a subi dans l'adolescence une agression sexuelle de la part d'un proche, pas un viol, unique et jamais réitérée, un quart d'heure de folie ou de fureur inexplicables dans la vie exemplaire d'un homme qui se termina à 95 ans, insoupçonnable et aimé de tous. Pas vraiment soutenue cependant, on l'a fait taire, elle en garde quelques séquelles. Lors de stress, "cela" revient confusément mais comme souvent les agressés sexuels, elle fait preuve d'une force hors-norme.. associée à une fragilité peu perceptible.

Elle n'en a ensuite plus jamais parlé, même pas à son psy, s'efforçant d'oublier et elle a oublié. Pas tout à fait pourtant et c'est pire car cela existe comme toile le fond en elle sans qu'elle ne le sache donc ne puisse le maîtriser. L'émotion a pris le relai du logos, et elle réagit parfois, même dans des situations anodines, démesurément sans savoir elle même pourquoi. A la faveur d'un événement sans rapport, longtemps après, "cela" est revenu mais cette fois avec une telle force qu'elle a enfin fait son "coming out". Encore avait-elle brièvement mentionné autrefois l' "anecdote" en l'édulcorant, une seule fois, à son mari, comme on avoue un crime à qui se propose de partager votre vie, ayant croyait-elle, surmonté le bouleversement qu'un tel acte même unique même "léger" -ce n'était pas un viol- génère à vie.. 

La voilà qui parle donc mais cette fois ouvertement, publiquement, d'abord à des groupes de femmes, ensuite à des amis en nombre ahuris, et enfin à un très proche de sa famille, David. Elle tente même d'exiger de son agresseur âgé une explication écrite, il est auteur et n'obtient que 10 pages qui ne veulent rien dire, étonnantes étant donné son talent d'habitude. Elle n'a pas la force d'en exiger davantage.. 

Mais à David, son presque frère, elle écrit. Non pas pour dénoncer a priori son agresseur mais seulement au sujet d'une vague dispute qui n'a rien à voir, seulement pour expliquer la violence de sa réaction. Il est un fait que les agressés sexuels ont souvent des réactions hard inattendues que parfois ils ne comprennent pas eux-mêmes ou qu'ils ne peuvent expliquer aux autres qu'en faisant mention de leur "équation personnelle" ce qui est la plupart du temps impossible.. et qui par parenthèse les isole davantage; c'est une des séquelles de l'agression sexuelle et non des moindres. 

Le résultat est immédiat, UNE LETTRE D'INSULTES ! notons le, nullement au sujet de la dispute (le sujet) mais seulement de cet "aveu" sur lequel il s'appuie pour la démolir davantage (alors que sa missive était une justification, presqu'une tentative d'excuse à propos de la querelle). Médiocre, il se sert donc de cet "aveu" contre elle en le détournant de son sens, enfonçant encore le clou: elle est une "semeuse de merde jalouse et aigrie par une vie affective anéantie -elle vient en effet de divorcer- reliée à son détestable caractère, elle ignore tout de ce qu'est l'Amour etc etc.." 3 pages maladroites parsemées de majuscules inappropriées suintant d'une inextinguible haine; elle rompt donc avec lui sans même exiger d'explications. Les agressés sexuels ont une bonne résistance aux rebuffades mais, se sachant vulnérables, choisissent souvent la fuite sans retour. Une résistance.. par le vide. A la fois fragilisés et renforcés par leur passé, ils témoignent souvent d'une sorte d'indifférence, de cynisme qui peut les faire méjuger mais aussi parfois s'effondrent d'un coup. Bref, Léna n'y songe plus.

4 ans plus tard, coup de théâtre, à la suite d'un décès qui les a obligés à se revoir, à l'occasion d'une réflexion anodine de David, elle apprend qu'il ignore tout de la lettre... qui provient en fait, non de lui qui pourtant l'a "signée" mais de sa femme, Adèle.. qui a signé pour lui!



Adèle, un sac de noeuds

Issue d'une famille immigrée culturellement défavorisée dont, intelligente et ambitieuse, elle est une rescapée, chaleureuse mais âpre à la réussite, elle n'a pas d'état d'âme, capable de cruauté et de trahison -elle en donne là la preuve-, à la fois candide et retorse, généreuse, nature et perverse, loyale envers certains et abjecte envers d'autres [selon qu'il peuvent la servir ou lui faire courir le risque de déchoir -mais elle se trompe parfois-] elle est un cas. Or, il se trouve qu'une rumeur persistante au sujet de sa famille parle d'un inceste entre son père et sa sœur.. qui, mise à la porte lorsqu'elle se trouva enceinte, disparut alors totalement nuit et brouillard avec le bébé. (Mais il semble que le père l'eût revue en cachette.) Adèle a toujours occulté cet épisode bien que son milieu, contrairement à celui de Léna, ait rendu le drame plus ou moins public. Le roman familial ciselé par ses soins, le voici: sa sœur était une écervelée, le mot "traînée" étant largement sous entendu, qui avait eu des "problèmes" (!), était partie au grand désespoir de tous et qu'on ne parvenait pas à retrouver, même pas la petite Anita abandonnée à DDASS, ce qui peinait tant sa mère etc. [Inexact, il suffisait d'une minime recherche.]

Mais voilà qu'un élément plus tard faussa tout : à 17 ans, la jeune fille surgit comme une Parque des Enfers et son témoignage à charge contre son grand-père et père fut accablant, elle assurait même avoir été témoin de ses relations avec sa mère, bien après qu'elle fût "partie" ou plus exactement chassée [il lui aurait rendu visite.] Pire, elle affirmait qu'il avait depuis son retour tenté envers elle aussi des gestes non équivoques. Un détail tendait à corroborer au moins sa paternité, Anita était son portrait exact.
  
Revenons à la lettre. Adèle avait donc signé à la place de David et Léna avait réagi par une rupture en silence, un coup bien calculé de qui savait comment réagissent les agressés sexuels intrafamiliaux, par la fuite sans retour. Ici, Adèle est un syndrome de Stockholm par procuration : elle fait corps non seulement avec un violeur jamais incriminé qu'elle soigna jusqu'à la fin, mais a priori avec TOUS les agresseurs, fustigeant dans la foulée toutes leurs victimes. Une kapo par vocation. Un "syndrome de Stockholm" prend définitivement et par principe le parti du bourreau contre sa proie, y compris lorsqu'il est cette proie et plus encore s'il s'agit d'une autre. Des bénéfices secondaires? Pas toujours, si ce n'est ici de faire taire les bruits persistants sur sa propre lignée et sur elle-même et d'offrir socialement une image convenue. Mais parfois, les anti-bénéfices montrent qu'il n'est pas opportuniste ou plus exactement opportuniste à rebours de ses intérêts. Pour lui, une injustice vaut mieux qu'un désordre : c'est un manipulé qui manipule, un tueur sans gages plus hard encore que son maître. 


Interprétation de Dimitri

Le fils de Léna qui trouva par hasard la lettre pleine d'épluchures prête à partir à la poubelle, étonné d'y voir le nom de sa mère, la lut à voix haute et s'amusa à la prendre à rebours. Résultat stupéfiant: même Léna qui n'avait pas eu le courage de poursuivre jusqu'au bout éclata de rire, c'était un transfert presque parfait, une inversion totale des deux personnages, Adèle était Léna et faisait endosser à celle-ci son propre personnage. La fustigeant cruellement sur quelques points de détails curieux qui avaient la particularité de lui être applicables et pas à sa victime, elle parlait donc d'elle-même avec quelques envolées saugrenues hors-sujet surprenantes: "Nous Nous Aimons Sincèrement plus que Tout et sans aucune autre motivation que l'Amour, absolument Rien d'autre -disait-elle et faisait-elle dire à David- ce que tu ne peux pas comprendre car tu n'as jamais connu l'Amour.. Nous, nous ne nous Cachons rien, tout dans notre Couple est Limpide comme l'eau etc..." Jamais Léna n'avait dit le contraire, elle n'avait parlé dans sa lettre que de sa propre agression et encore entre parenthèses, pour se justifier. 

En fait toute la réponse était hors sujet, visiblement mitonnée pour l'anéantir et éviter toute réponse, avec quelques pics cocasses qu'elle n'avait pas lus... Un transfert parfait: par exemple le couple Adèle-David, taiseux, fonctionnait avec des non-dits, ne serait-ce que cette lettre, tandis que celui de Léna, explosif, était sincère; de même, la perverse c'était bien Adèle et non Léna, et la jalousie provenait d'elle et non l'inverse etc.. D'autre part, le déni vigoureux, candide et hautement suspect d'une accusation qui ne lui avait jamais été portée évoquait l'enfant qui s'exclame "non, je l'ai pas mangé et j'ai pas caché les bouts dans ma poche" alors que sa mère recompte les pastels qu'il a tendance à dévorer -il en manque un- et se demande si la boîte n'était pas incomplète; Un syndrome de Stockholm donc, banal quoique compliqué.

Toute victime qui lève la tête l'offense car elle risque de l'entraîner. Et victime, le syndrome de Stockhlom refuse de l'être, refuse même que "cela" puisse exister. "Cela" n'existe pas. Malheur à qui dit le contraire. Or là, si Léna parle publiquement, même d'une agression mineure, créant malgré tout le scandale autour de la famille [qu'Adèle a intégrée au point de ne plus jamais mentionner son nom initial ni son origine] elle risque d'attirer l'attention sur son cas à elle, bien plus gravement, son père n'étant pas, lui, insoupçonnable. Exit la semeuse de merde et par tous les moyens même les plus odieux, l'idéal étant de faire porter à David le poids de la charge. 

Car Adèle, comme beaucoup de marginaux qui se sont élevés socialement avec âpreté -et talent- surjoue son personnage, pose à la parfaite parfois avec une emphase logorrhéique déplacée et maladroite qui a contrario du but recherché la dévoile. Un syndrome de Stockholm n'est pas avare de contradictions ahurissantes et abjectes, forcément, c'est sa situation qui est folle, abjecte et hors norme. Par exemple lorsqu'Anita, la jeune nièce d'Adèle refusa de retourner dans sa famille où, avait-elle dit à Léna -et à d'autres-, son grand-père et père tentait de lui faire subir des attouchements, Adèle l'admonesta durement: "On te doit rien, si t'es pas contente, la porte est grande ouverte, tu nous manqueras pas etc etc.." Odieux car Anita avait été confiée à des parents d'accueil qui ne s'en étaient pas davantage souciés que sa famille biologique -contrairement au "roman familial", ils n'avaient jamais cherché à la retrouver, bien au contraire-. Le portrait qu'Adèle brossait d'Anita était "une adolescente égoïste qui "abandonnait" (!) des grand-parents âgés et aimants pour aller picoler avec des drogués" .. alors que c'est elle qui, exclue par sa famille parce qu'elle aurait fait tache (bâtarde), s'était ensuite alliée à d'autres paumés parfois en effet peu présentables. Les syndromes de Stockholm pratiquant le déni et le transfert vont parfois jusqu'à la contre-vérité burlesque, devant un exhibitionniste en pleine action, ils pourraient par exemple s'exclamer sans broncher "voyez comme il est pudique, je vous l'avais dit." Bourrage de crâne violent et loufoque... efficace pourtant parfois dans un groupe restreint. 

De fait, personne n'osait la reprendre. Un jour cependant, il y eut un couac, une réponse cinglante de Léna exaspérée devant la nième charge d'Adèle contre Anita toujours dans le style théâtral qui lui était propre "je sais pas pourquoi cette gamine refuse à toutes forces d'aller chez ses grand-parents, même lorsqu'on y va elle veut rester ici, ça les peine tellement les pauvres à leur âge, c'est terrible etc..".. "ELLE A PEUT-ÊTRE SES RAISON" coupa Léna sec.. et là, ô stupeur, la réplique claqua immédiatement, fort et assertorique: "C'est pas vrai!" (!) dévoilant naïvement que malgré ses discours hypocritement interrogatifs, elle n'ignorait en fait rien des accusations (vraies ou fausses) portées par la jeune fille sur son grand-père. 

Vrai? Faux? Il est sûr qu'Anita détestait sa famille pour avoir jeté sa mère enceinte à la rue et l'avoir vouée à des errances dramatiques, une famille qui, malgré une relative réussite sociale, signe qu'ils n'étaient pas si paumés qu'ils le prétendaient, ne s'était jamais souciée d'elle, bien au contraire [lorsqu'elle fut retrouvée -facilement- par Léna qui avait cru au roman familial d'Adèle, celle-ci, pour le coup dévoilée n'en parla soudain plus du tout. Omerta complète]. Anita était-elle revenue régler des comptes au couteau avec ceux qui avaient conduite sa mère à la prostitution et elle à la DDASS? L'entourage se départageait, la gêne était palpable, certains préférant ne pas la croire, solution de facilité car Adèle, porte fanion de la moralité de tous y compris de celle des autres (!) pesait son poids tandis qu'Anita était vouée à repartir à jamais nuit et brouillard, personne parmi ses proches ne semblant la retenir, un euphémisme... Adèle par ailleurs se comportait parfaitement en tant qu'épouse et bru, dévouée, gentille, mis à part quelques couacs en dessous qu'elle voulait discrets (la lettre). 

Une "folle" donc, cette Anita. Haro sur la victime, tapis rouge pour le doleur, mieux vaut socialement avouer une nièce dérangée et droguée qu'un père incestueux plusieurs fois. Exit la trublionne. Or notons-le, cette volée contre Anita fut exactement identique à celle que reçut Léna longtemps après lorsqu'elle aussi osa parler de son cas, sans commune mesure. Mais si Léna ne fut pas trop affectée par la lettre d'insultes, sa vie au loin l'ayant mise à l'abri de ces scories, en revanche, pour Anita, ce nième rejet fut un drame : éreintée de toutes parts y compris par sa propre famille retrouvée -par elle- depuis peu, non défendue ou mal, elle dériva jusqu'à sa fin prévisible, son suicide.. preuve que les séquelles de viols ou d'agressions sexuelles peuvent perdurer et même s'amplifier très longtemps après lorsque les victimes se trouvent en butte à des kapos qui les enfoncent davantage encore dans le trou. 

Les responsables? Le violeur évidemment qui ne fut jamais inquiété si ce n'est par la rumeur insistante jamais suivie de dénonciation franche, mais aussi Adèle qui l'aida largement à détruire sa dernière proie. (Mais la jeune fille, le connaissant à peine et n'éprouvant aucune affection pour lui, aguerrie par son passé de loubarde, sut se défendre mieux que sa mère: elle le dénonça, parla à tous -d'abord à Léna- et, après un épisode plus hard où il aurait tenté de la coincer dans un couloir, refusa sans appel de le revoir.) On aurait pu penser que celle-ci, ensuite liée à un compagnon plus âgé vivant dans les bois -par sa profession- s'en était tirée, fût-ce par la fuite. Ce ne fut pas le cas: à la faveur d'une séparation, tout le passé resurgit. 

Une famille ouvrière ordinaire catholique et travailleuse, par ailleurs extrêmement soucieuse d'ascension sociale dont Adèle, bien mariée pour leur plus grande fierté était le fleuron. Une observation : le fait, dans l'enfance, d'avoir subi ou seulement été témoin impuissant de violence sexuelles ou autres suffit à faire de l'enfant et même de sa descendance ensuite des victimes par procuration.. avec les séquelles souvent identiques ou pires que celles des agressés directs. Cela m'a été signalé par plusieurs lecteurs (de "Secret de famille") leurs enfants sont parfois encore plus atteints que leurs parents. Un agresseur sexuel ou violeur ne détruit donc pas seulement une victime mais une lignée, fratrie et ensuite descendance. [C'est le cas probable du père de Léna -ici, milieu intello-bourgeois-citadin- qui avait vu une de ses sœurs menacer leur jeune beau-père tentant de la peloter ou pire.. La jeune fille, à laquelle Léna ressemblait beaucoup, se maria rapidement peu après, quitta définitivement sa famille et même son pays, et 40 ans après, le frère-témoin eut ce geste contre.. l'image de sa sœur, sa propre fille. Non, on n'oublie pas.] 

Il faut noter que les agresseurs sexuels peuvent ensuite vivre un calvaire, ce fut le cas ici, leur respectabilité étant à la merci de leur victime, d'où une haine renforcée reliée à la peur qu'elle ne parle et la haine réciproque de celle-ci qui peut aussi en jouer. Ou le meurtre dans certains cas. Ambiance.