mercredi 1 février 2012

Traité de savoir-vivre à l’usage des gens de pouvoir (petit ou grand.) Du grand art


Vous êtes un élu. Petit ou grand. 

COMMENT SE DÉBARRASSER 
D'UN QUIDAM RÉCALCITRANT en 8 leçons

Soit un rendez-vous embarrassant avec un récalcitrant, rendez-vous auquel vous avez été envoyé par un supérieur, au cours duquel vous savez que vous allez devoir accorder quelque chose... que votre boss veut refuser, se servant de vous comme fusible-paravent (dans un cas délicat où par exemple il/vous êtes dans l’illégalité, mettons qu’il s’agisse de travaux urgents sur une voie publique devenue dangereuse et que le RV soit justement avec un quidam qui y a chuté mécontent d'une bosse et d'une promesse non tenue.)


1 LE RETARD. Arriver délibérément en retard d’une demi-heure ou, si l’interlocuteur est difficile, trois quart d’heure (ne surtout pas le prévenir ni lui présenter des excuses si ce n’est de manière vague, indirecte et quasi insultante, vous êtes fatigué, vous venez d’enchaîner rendez-vous sur RV, vous avez froid, chaud, ou de la fièvre etc.. bref vous n'êtes pas n'importe qui (sous entendu comme lui.) Ne jamais employer le mot "retard" mais "problèmes" ou nécessité, parlez d’une autre affaire, de votre implication partout, de votre surmenage, cela vous posera et lui sera -peut-être- mal à l’aise : il contribue à votre épuisement. L’attente de toutes manière va l’agacer, lui faire (peut-être) perdre ses moyens. L'idéal est bien sur qu'elle ait lieu sous la pluie ou dans le froid, dehors.

2 TENTER MINE DE RIEN DE LE POUSSER A BOUT DES LE DÉPART. Vous avez consenti à venir, que ce soit clair, il vous doit quelque chose. Lors d’une partie de sa requête, minime et secondaire, se montrer distant sur ce point évident, prendre un air dubitatif, distrait, comme un médecin spécialiste excédé devant une infirmière  qui lui dicte son diagnostic. Ensuite, s’il le faut, soyez résolument assertorique quelle que soit la contre vérité que vous allez énoncer (mais toujours sur un ton neutre, celui du spécialiste).. et surtout si elle est flagrante ! Cela va l'exaspérer, le fatiguer. Annoncez par exemple si votre quidam se plaint d'un saccage évident d'une voie publique : "Il n’y a pas de règlementation à ce sujet" alors que : 1 il y en a une que vous n’ignorez évidemment pas… 2 votre interlocuteur le sait aussi et sait que vous le savez. Résultat garanti de toutes manières : s'il ignore la loi, cas peu probable, c'est gagné il va se taire, consterné, et s'il sait que vous mentez ou faites erreur, cas quasi certain, il sera furax, ce qui n'est pas mal non plus. S’il se laisse aller à la colère, c'est gagné.

Vous tiendrez là le prétexte à des digressions longuettes et  éprouvantes pour qui se heurte à la mauvaise foi, ça vous fera gagner du temps.. et vous positionnera encore mieux. Vous êtes celui qui exige des comptes, qui peut dire n'importe quoi. Lui se sentira obligé de donner des sources, de justifier l’évidence etc… (C’est mieux si vous êtes en tête à tête car ensuite vous pourrez toujours nier avoir dit cette énormité, vous ne vous souviendrez plus etc.. Sinon, agissez avec plus de précaution, surtout si la contre vérité est facilement vérifiable car cela pourrait être utilisé contre vous et vous mettre dans une situation embarrassante : soit vous êtes un con soit de mauvaise foi.) Pendant sa réplique, hochez simplement la tête avec circonspection mais ne dites surtout rien, n’exprimez rien (le silence et l'indifférence déstabilisent davantage et, si les mots peuvent être rapportés, les mimiques ne le peuvent!) et/ou enchaînez sur autre chose. S’il est coriace et vous questionne précisément et finement, sans agressivité visible ou pire, avec humour ("mais vous le savez bien tout de même, non ?") faites celui qui n’a pas entendu. S’il insiste, lâchez un peu de mou (un brin d’humour n’est pas mal) en prétendant ne pas être spécialiste et dépêchez vous de noyer le poisson en changeant de sujet, en digressant, citant des exemples... qui n’ont rien à voir, cela ne fera (parfois) que l’agacer davantage. S’il rétorque calmement… que cela n’a rien à voir ! et que vous ne pouvez éluder, alors, il faut céder, mais trouvez alors un argument perso pour vous accorder avec lui (ne jamais vous servir du sien : c’est vous qui pensez et non lui.) Vous serez à temps de revoir votre position après (voire même de l’inverser !)

3 L’ARROGANCE BLANCHE. Faites semblant de ne pas voir ce qui est en la faveur de votre interlocuteur même et surtout s’il s’agit d’une évidence. Ignorez le. Par exemple, s'il a défriché un chemin communal où à présent on circule librement, marchez mais n’en faites surtout pas état, c’est normal, et même jouez les étonnés s'il le mentionne : "vraiment? C'était impraticable?" ça l'énervera -peut-être- et changez vite de sujet. Vous êtes celui qui juge et qui apprécie. Mieux, quoique plus délicat selon la personne, si vous la sentez faiblir, critiquez -légèrement- ce qui a été fait. Il sera furax... ou peut aussi réagir avec humour, là c'est raté, tant pis.

4 DÉVIER LA CONVERSATION. A une suggestion de votre interlocuteur, ("on pourrait par exemple faire ainsi") indignez-vous immédiatement sur ce point de détail sous des prétextes divers (esthétique, pratique etc..) puis, s’il vous y force, revenez au corps du sujet lui-même (sinon c’est plié, on n’est pas d’accord sur les méthodes et le temps que l’on s'entende... -ensuite, en cas de pépins, vous pourrez toujours vous réfugier derrière ce détail qui a tout bloqué, votre bonne foi est intacte).. Puis, si vous ne pouvez faire autrement, revenez au sujet en consentant finalement à sa solution comme si vous lui cédiez par gentillesse… "Soit, au fond, vous avez raison, je ne m’oppose pas" (il faut toujours faire comme si on vous demandait une autorisation, même si ce n'est pas le cas -mettons que la légalité ne le requière pas-, ça déstabilise*) mais là aussi, trouvez toujours un argument vôtre, jamais le sien: ce qu’il dit n’a pas d’intérêt, vous ne l’écoutez que par courtoisie, c'est vous qui savez, qui décidez, qu'il le comprenne bien. Faites celui qui consentirait (peut-être, restez résolument vague) par longanimité, même si vous êtes dans d'assez mauvais draps. Vous serez toujours à temps d’ajouter in fine (mais pas tout de suite) que ce n’est pas vous seul qui décidez et que, malgré toute votre bonne volonté et la justesse de la cause, vous ne pouvez rien assurer. Cela, ce sera le mot de la fin.

5 LA "GAFFE INTENTIONNELLE". Si un autre interlocuteur survient (gênant, mais il faut évidemment faire bonne figure) soyez aimable mais lancez lui au passage une réflexion légèrement blessante sans insister. Par exemple, s’il dit vous connaître -que vous le connaissiez aussi ou non qu'importe- affectez de ne pas vous souvenir de lui, "vous voyez tant de gens" etc.. c’est léger mais cela peut impressionner et mettre mal à l'aise… (peut-être), vous êtes quelqu’un d’important et non lui. Si cela ne le déstabilise pas, tant pis, il fallait le tenter.

6 LA MAUVAISE FOI. Soulevez si vous le pouvez un autre prétexte empêchant dont vous n’ignorez évidemment pas l'invalidité (mais votre interlocuteur peut se laisser abuser, c’est à tenter) qui soi disant pourrait empêcher le déroulement de travaux requis… sans que vous n’y soyiez pour rien. Le point annulé par une réplique (juste et incontournable) éludez vite, c’est raté, n’insistez plus. Concédez lui quelque chose (mais jamais rien de concret) pour sauver la face mondaine, ignorant l’âpre négociation sous tendue par une menace de la part de votre adversaire. Si votre interlocuteur vous rappelle un fait gênant (une promesse préalable non tenue par exemple), niez, défaussez-vous sur un subalterne (vous n'êtes pas au courant) ou lorsqu'il n'est pas possible de faire autrement, invoquez vaguement une cause majeure, financière ou autre… dont vous savez tous deux qu’elle n'est qu’un prétexte et enchaînez sans lui laisser le temps de répondre. Si votre interlocuteur décidément mal poli révoque calmement ou avec humour votre explication, prenez l’air étonné et réitérez la fermement, comme s’il s’agissait d’une évidence. Cela peut l’exaspérer. Si ce n’est pas le cas, changez vite de sujet.

8 L'INTIMIDATION HARD
Si vous vous êtes vraiment mal (le quidam est tombé dans un fossé et s'en trouve assez mécontent) allez-y franco au bluff, c'est à tenter. Menacez le par exemple d'interdire le chemin.. qu'il doit emprunter pour se rendre chez lui. Il se peut qu'il s'aplatisse aussitôt, désespéré, c'est gagné. Il se peut aussi qu'il vous réponde "vous n'en avez pas le droit". Bottez en touche.. ou même, mais seulement si vous êtes en tête à tête, prenez l'air méprisant et faites un geste (mais attention, évitez une parole) qui signifie clairement "le droit, bof.." Attention toutefois aux caméras cachées.

9 LA CONVERSATION MONDAINE. Pour finir, mettez-vous d’accord avec lui sur une profession de foi théorique qui ne mange pas de pain (par exemple écolo, ça le fait bien) qui va vous le concilier et quittez le avec la douche froide finale en réitérant que vous allez parler en haut lieu en votre faveur mais sans certitude hélas (même si par exemple cette garantie a déjà été fournie !) Une manière de reculer en prétendant faire avancer les choses. Votre interlocuteur avait cru à une avancée, coup de théâtre, il s’agit au contraire d’un recul! Ainsi sera-t-il moins à l’aise en allant le lendemain voir votre chef. Vous avez bien fait votre boulot et serez sans doute félicité.


* Exemple, lorsqu'un quidam vous dit (et non pas vous demande) qu'il va faire analyser l'eau de la rivière qui passe chez lui, essayez le le décourager, c'est cher, ça n'a aucune valeur juridique, ça ne sert à rien... et s'il tient son cap, annoncez noblement "je ne m'y oppose pas" alors même que vous ne le pouvez en aucun cas. Il vous remerciera (peut-être) ou rétorquera que "de toutes manières vous ne le pouvez pas". C'est à tenter. 
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De l’autre coté ; ne vous laissez pas abuser. Faites remarquer le retard mais sans agressivité. Ne vous laissez pas impressionner. Attitude neutre ou résolument ferme et "politique" mais calme, légèrement condescendante. Revenez au sujet sans cesse. Dix fois s’il faut. Si réellement on se moque clairement de vous, rectifiez, mais toujours sur le ton aimable et patient d’un prof à un élève borné. N’hésitez pas, si une contre vérité vous est assenée, à la dénoncer avec humour. Sachez surtout que les politiques ont besoin de vous plus que l’inverse.. et que tout cela n'est au fond qu'un cirque où seul le rapport de forces joue et non les arguties éidétiques, simples prétextes. Votre interlocuteur sait fort bien que vous êtes dans votre droit, qu'il est "mal", que vous êtes soutenu par beaucoup, qu'il est déjà faiblement positionné vis à vis de vous.. et sa prétendue circonspection relative aux arguments qu'il prétend exiger n'est qu'une farce pour éviter si possible de tenir ses promesses... ou sauver la face lorsqu'il y sera contraint (lien avec l'article en anglais).
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Quatre ans d’une vie pleine…
Pour la justice et un bout de pays
Ruiné par des inconscients en lice,
Cela en valait-il la peine ?

L’un accepte avec sourire sa terre confisquée,
Pour -peut-être- en tirer un petit bénéfice,
Ou pour rien, juste pour ne pas se montrer,
Ils sont plus forts et on ne sait jamais..

Un autre admire que l’on se bagarre
Mais lui n’a pas bougé, il n’y avait pas pensé,
Un troisième soudain est devenu aveugle, fuyard
Redoutable ! Qui sait comment ça va tourner ?
Attention, pas de heurt !

Beaucoup avec prudence me soutiennent de tout cœur,
Par simple amitié ou amour, la peur aux trousses,
La peur de quoi ? La peur sans quoi, juste la frousse.
Se battre pour tous et contre tous ou presque,

A la fois, oui, cela en valait-il la peine ?
Si le concept n’est pas accessible, burlesque,
L’affaire n’est pas la Justice contre des margoulins
Mais celle de Truc contre Machin,

Duel dont la victoire même est faussée.

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Four years of a life ...
For justice and a bit of country
Ruined by unconscious in business run,
Was it worth ?

One agrees with a smile his land stolen,
For -maybe- a small profit,
Or for nothing, just not to be seen,
They are strongest and you never know ..

Another admired that one to fight
But he has not moved, he had no thought of that,
A third suddenly became blind,
Who knows how that will turn?

Many support me with all their heart,
For simple friendship or love, but with fear.
Fear of what? Of nothing. Just fear.

To fight for and against everybody,
Was it worth?
Without the concept,
The case is not justice against inequity,
But Jones against Smith,
Duel whose the victory itself is distorded.